Un matin, entre deux voitures, Karim découvre le corps sans vie de Zineb, couverte de bleus et pieds nus. Zineb, pourtant, était une fille sans histoires. Deux jours plus tard, Sublime, un ami de Karim, disparaît en lui laissant un mot d’adieu et un souvenir encombrant : l’un des escarpins que Zineb portait le soir de sa mort. Sublime a-t-il quelque chose à voir avec le meurtre ? Et quel est le secret que les copines de Zineb semblent vouloir taire à tout prix ? Pour comprendre, Karim va mener sa propre enquête et, peu à peu, ouvrir les yeux sur le monde qui l’entoure.
Avis : Karim, le narrateur, est un jeune homme kabyle, qui découvre le corps sans vie de Zineb, une camarade de classe magrébine. Il est alors avec Sublime, un migrant noir, devenu depuis quelques semaines son deuxième meilleur ami. Le premier étant Hamza, le frère de Zineb. À partir de cette découverte, sa vie déjà compliquée, va encore se complexifier. Car dans Vous retiendrez mon nom, rien n’est comme Karim le croit.
Karim vit seul avec son père, depuis que sa mère les a abandonnés. Ou bien est-elle morte ? Ils n’en ont jamais vraiment parlé. Il a des questionnements de jeune adolescent bientôt adulte dans un pavillon merdique au bord d’une cité. Vais-je me sortir de cette pauvreté et comment ? Suis-je celui que ma mère a fui ? Qui a le plus beau boule entre les toutes les filles/femmes que je connais : Zineb même morte, Joyce son ex et meilleure copine de Zineb, ou Khedima l’autre copine un peu fade, ma prof de français, la mère de Joyce ? Que faisait Sublime avec une chaussure de Zineb ? Qui pouvait vouloir la mort de la jeune fille ? Ses grands frères religieux rigoristes, des jalouses… Est-ce un crime sexuel ? Un crime pour l’argent ?
Toutes ces questions qui lui trottent dans la tête dans le désordre, il va essayer d’y répondre en enquêtant. Et en essayant de ne pas se départir de ses valeurs d’amitié, de ne pas être une balance auprès des flics ou des profs, de ne pas regarder de haut les enfants plus jeunes. Notamment, Bouli, le petit frère de Zineb. Et surtout avec ses atouts : sa blondeur et ses yeux bleus, ses poings, sa répartie…
Car personne ne dit tout, personne ne sait tout, tout le monde croit et dit ses propres vérités. Et certains profitent des peines, colères ou pertes de repères dues au deuil pour tirer leur épingle du jeu. La psychologie des différents personnages en prise avec le microcosme unique de la cité, rend ce roman passionnant.
C’est donc une plongée dans le coeur d’une cité et de ses habitants que nous propose l’autrice avec Vous retiendrez mon nom. Une plongée haletante et bouleversante. Une plongée vibrante et écœurante. Une plongée vraie et qui semble bien documentée sans être exploratoire ou uniquement descriptive. Une plongée qui malheureusement pour moi, n’a pas vraiment de fin. On sait qui/pourquoi/comment mais on ne sait pas ce que va décider de faire Karim avec ce qu’il a appris.
Après une montée en tension incroyable et des rebondissements étonnants, je me suis sentie totalement abandonnée avec cette fin hyper ouverte. Malgré tout, je lirai avec plaisir d’autres livres de Fanny Abadie… si leur fin en est bien une !!
Roman publié aux éditions Syros
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