La cinquantaine, père et mari aimant, Paul Ménard est un médecin dévoué, rassurant, autour de qui gravitent les habitants d’une bourgade beauceronne. Jusqu’à ce jour de printemps 1997 où son regard croise celui d’une femme éblouissante. Camille.
Peu après, la belle se rend au cabinet médical. Les visites se répètent, Paul succombe. Dîner aux chandelles, timbales de saumon. Camille sait vivre, Camille sait aimer.
Mais Camille est mariée. Un militaire toujours en mission. Un homme dur, indifférent, souvent violent. Paul veut la sauver. Il n’en dort plus, divorce, délaisse ses patients, enrage de sa lâcheté.
13 juillet 1998. La France est championne du monde. Et le docteur Paul Ménard prend une décision irréversible…
Avis : La Faussaire est l’histoire d’un homme « bien » qui croit trouver son âme soeur et va commettre l’irréparable alors qu’il semblait impossible de s’enfoncer si loin de ses principes fondateurs.
Paul, médecin cinquantenaire bien sous tous rapports, s’ennuie un peu dans sa routine en Beauce : maison, cabinet, maison. Deux femmes dans sa vie : sa femme Hélène, simple, efficace, terre à terre et son assistante, Chantal, un peu plus originale et jeune mais amicale. Toutes deux présentes mais pas sublimes. Les enfants sont grands et loin. Arrive « Marilyn », Camille qui va être sa perte. Alors qu’elle est mariée à Marc Ellis, un pilote de l’armée souvent en déplacement, elle drague Paul et fait appel à sa fibre empathique de médecin pour la sauver des griffes de son mari qui lui fait subir des horreurs. Et qui pourrait bien lui enlever sa fille Céleste.
La grandeur de La Faussaire ne se trouve pas dans un suspense insoutenable, ni dans un côté glauque, vous n’en trouverez pas dans ce livre. Mais bien dans le décorticage minutieux et vertigineux des passions humaines. Et surtout dans la partie finale où Paul est au tribunal ou en prison.
Quelle écriture incroyable ! Quelle beauté dans les relations que décrit si bien cette autrice. Dans le plongeon lent et abyssal de Paul vers l’acte ignoble qu’il va commettre. Patricia Delahaie est championne pour nous montrer les sentiments, les petits liens ténus entre humains qui font le sel des relations. Elle brosse des portraits vibrants de tous ses personnages, même les secondaires. Ainsi mémé, le colonel Maurel ou les deux avocats sont hyper réalistes et touchants.
On souffre avec les personnages dont la vie est balayée. On est peiné de voir Paul qui doit regarder en face ce qu’il croyait être un amour réciproque. On est triste avec Céleste qui perd tout dans ce drame. On est chaviré par Daniel Beynac, l’ami de Paul, qui pourtant pourrait diablement lui en vouloir. J’ai même été attristéE de la non compréhension de ce « qu’est vraiment la vie » de Camille. On est chaviré de voir à quoi tient la vie d’un homme.
La Faussaire est un grand roman noir, psychologique et sacrément humain. Merci à Patricia Delahaie de nous offrir ce texte ciselé et profond.
Roman publié aux éditions Belfond