« Avec Mathilde, jamais une balle plus haute que l’autre, du travail propre et sans bavures. Ce soir est une exception. Une fantaisie. Elle aurait pu agir de plus loin, faire moins de dégâts, et ne tirer qu’une seule balle, bien sûr. »
Avis : Si Le serpent majuscule est le dernier livre paru de Pierre Lemaitre, c’est en fait une œuvre de jeunesse qui répond à la demande de ses fans pour qu’il écrive à nouveau du polar. Il a juste corrigé (rien qu’un peu à ses dires) ce roman qui dormait dans un tiroir.
Et le résultat est là : un roman déjanté, à l’humour très noir et à l’enquête éprouvante pour son inspecteur… On y rencontre Mathilde, une tueuse à gages pas comme les autres. Je vous laisserai découvrir tous ces petits travers, mais sachez juste qu’elle perd un peu la mémoire. Il y a aussi René Vassiliev, l’inspecteur de police. Il ne le sait pas encore, mais ses enquêtes vont être fortement perturbées par la perte de mémoire de Mathilde.
Le serpent majuscule recèle une galerie de personnages foisonnante : le petit commissaire Occhipinti qui mange ses fruits secs et a les dents qui rayent le plancher ; le Commandant qui donne ses ordres à Mathilde et qui a toujours eu envie d’elle ; Madame Veuve qui était dans un donjon échangiste le soir de la mort de son mari ; le dalmatien Ludo un peu beta ; Lepoitevin, le voisin de Mathilde qu’elle abhorre car trop gentil et terne : Constance, ancienne droguée et détenue qui veut juste se ranger et récupérer la garde de son fils ; Nathan qui lui ne sait pas comment prendre ça ; Tevy, immigrée Cambodgienne qui s’occupe d’un vieux Monsieur et répète les mots qu’elle veut emmagasiner pour pouvoir mieux parler ; ce vieux monsieur de la Hosseraye qui, comme Mathilde, n’a plus toute sa mémoire… Tout ce petit monde passe au crible de l’écriture ciselée de Pierre Lemaitre.
Cette histoire est vue par le prisme de Mathilde ou de Vassiliev, cela donne du mordant et décale les situations, d’où aussi l’humour ultra noir, auquel les lecteurs de Pierre Lemaitre sont habitués.
Tout m’a donc plu dans ce roman ! Que ce soit le rythme : haletant. Que ce soit le traitement du sujet de la dégénérescence sénile : tendre, émouvant mais aussi hilarant. Que ce soit les personnages : touchants ou saisissants. Avec en plus, une fin qui est un petit bijou de retournement de situations comme je les aime !
Roman publié aux éditions Albin Michel
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