QI / Christina Dalcher

QI / Christina Dalcher

couverture du roman QI de Christina Dalcher

Le potentiel de chaque enfant est régulièrement calculé selon une mesure standardisée : le quotient Q. Si vous obtenez un score élevé, vous pourrez fréquenter une école d’élite avec à la clé un avenir en or. Si votre score est trop bas, ce sera un internat fédéral n’offrant que des débouchés très limités. Le but de cette politique ? Une meilleure société où les enseignants se concentrent sur les élèves les plus prometteurs.
Elena Fairchild, enseignante dans un établissement d’élite, a toujours soutenu ce système. Mais lorsque sa fille de neuf ans rate un test et part pour une école au rabais à des centaines de kilomètres, elle n’est plus sûre de rien. À part d’une chose : elle doit récupérer sa fille à tout prix.

Avis : QI est un livre hyper accrocheur que j’ai dévoré ! Autant le fond (dystopie sur un monde où, aux États-Unis, les gens sont classés selon leur QI) que la forme m’ont emballée.

Le sujet est important : que valorise-t-on dans une société ? Dans notre société actuelle, ce sont la beauté et la jeunesse, et surtout le fun ! Il n’y a qu’à voir les émissions de téléréalité… Que se passerait-il si les intellos, les moins beaux, les « moqués » avaient leur mot à dire sur qui obtient quel job, qui mange au premier service au lycée, et qui peut regarder qui de haut ? Ou quand la méritocratie tourne au cauchemar ? C’est ce que nous propose l’autrice.

Les personnages sont poignants ou monstrueux, mais toujours justes. La narratrice, Elena, subit ce système de QI depuis que sa deuxième fille, Freddy, ne rentre plus dans « 9 point quelque chose » qu’elle doit obtenir pour rester dans une école argent ou verte. Elle était pourtant plutôt pour ce système au début et son mari, Malcom, fait carrément parti de ceux qui le renforcent. Et il n’en a d’ailleurs que pour sa première fille, Anne, qui n’a pas de baisse de QI, elle. Il ne faut pas oublier la grand-mère, Oma, avec son accent allemand. Et celles qui se battent pour que la vérité éclate (journalistes, espionnes…)

Tous les mécanismes de la mise en place d’un système autoritaire sont abordés dans ce roman choc et plus qu’alarmant ! C’est superbement mis en mot par Christina Dalcher. “Avec un peu de temps, je crois que les gens finissent par s’habituer à tout » ; ”monter dans le train du bon sens ». Et surtout cela fait froid dans le dos. En effet, lire les dérives d’un système pensé sur la vengeance et l’égoïsme, ça ne vous rappelle rien ? (Vous reprendrez bien un peu de nazisme?)

Ce livre comprend donc une vaste réflexion sur la différence, qui va plus loin que l’intelligence. Dans QI, est-on libre d’avoir les partenaires que l’on souhaite, de divorcer sans devoir laisser ses enfants au parent parfait (souvent le père puisqu’il a en général un meilleur QI et moins d’absence au boulot), de faire le métier que l’on aurait aimé, de ne pas être constamment en soucis pour ses propres test et ceux des êtres chers. Bref, différencier les gens est-ce une bonne idée ?

“J’étais persuadée que lorsque mes filles seraient ados, tout le monde aurait rejoint la joyeuse farandole de la diversité.”

En plus de tous ces sujets, Christina Dalcher incorpore l’adolescence, les relations de couple, les choix que l’on fait plus ou moins consciemment ou poussé par la société et le droit à disposer de son corps.

Cela paraît dense mais avec l’écriture maîtrisée de l’autrice et avec son parti pris de faire raconter les choses par une narratrice, QI se dévore. De même, le fait qu’il y ait doute (Freddie va ou non être rétrogradée, Elena va ou non divorcer, Malcom est-il un monstre ?) introduit un suspense de fou.

Un choc… dans le bon sens du terme !

Roman publié aux éditions Nil – Traduit de l’anglais (États Unis) par Michadl Belano

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