1997. Isla Green, Australienne de trente-cinq ans installée à Londres, est réveillée en pleine nuit par un appel de son père : le corps de Mandy, voisine et amie disparue depuis trente ans, vient d’être retrouvé. Dernière personne à avoir vu la victime en ce jour de 1967, le vieil homme est le suspect principal de cette affaire.
Secouée par cette annonce et par les souvenirs que celle-ci fait remonter, Isla se décide à rentrer en Australie. Mais revenir au pays n’est pas simple pour la jeune femme, elle-même très fragilisée. Car, pour comprendre ce qui est réellement arrivé à Mandy, Isla va devoir affronter les fantômes du passé familial. Et aussi percer l’épais silence dans lequel cette petite communauté de la banlieue de Sydney s’est murée depuis des décennies.
Qu’est-il arrivé à Mandy ? Le père d’Isla a-t-il joué un rôle dans cette disparition ? À mesure qu’elle fouille le destin funeste de sa voisine, ce sont tous les tabous du passé colonial australien qui apparaissent aux yeux d’Isla…
Avis : Un livre dont l’intrigue se passe en Australie, c’est forcément pour moi ! Et cette couverture reprenant la particularité artistiques des Aborigènes d’Australie m’a mis l’eau à la bouche ! Si on est familier de l’histoire de ce pays et de ses premiers occupants, entre le titre et la couverture, on a vite compris ce qui se trame dans ces 335 pages !
Il renferme une galerie de personnages, dont tous ont volé une vie ou ont vu leur vie voler. On suit le retour dans son pays natal d’Isla, jeune australienne devenue anglaise qui vient comprendre pourquoi son alcoolique de père se retrouve suspect principal dans une affaire de disparition vieille de 30 ans. C’est l’occasion pour elle de se confronter à ses vieux démons, mais aussi à ceux d’un quartier entier. Susan Allott établit la psychologie des différents personnages, d’Isla, de ses parents, de Mandy et son mari Steeve, en alternant entre le passé, l’enfance d’Isla et le présent, l’enquête.
Cela crée l’attente, fait monter la pression pour tous jusqu’au dénouement final, subtilement amené. Les relations entre chacun sont houleuses, empreint d’amertume et de déception réciproque où on ne sait plus si, finalement, ils s’en veulent plus à eux-mêmes ou aux autres. Le passé colonial est relégué en arrière-plan, un aspect professionnel pour l’un des personnages, mais la postface de l’auteur sur le sujet est très intéressante ! Susan Allott y aborde le deuil sous toutes ses formes : celui d’un enfant, celui d’une enfance chahutée, d’une famille qui se désintègre, d’un mariage enlisé, d’un épanouissement tant recherché. Chaque personnage s’est tellement bercé d’illusions qu’il refuse de voir la vérité en face quand elle éclate au grand jour.
Des vies volées est un roman psychologique profond, un thriller savamment tissé.
Publié aux éditions Belfond Noir – Traduit de l’anglais par Alexandre Prouvèze.