L’histoire commence le 28 juillet 1986 par le braquage, au Havre, de deux camions-citernes remplis d’ammoniac liquide destiné à une usine de cigarettes. 24 000 litres envolés, sept cadavres, une jeune femme disparue.
Les OPJ Nora et Brun enquêtent. Vingt ans durant, des usines serbes aux travées de l’Assemblée nationale, des circuits mafieux italiens aux cabinets de consulting parisiens, ils vont traquer ceux dont le métier est de corrompre, manipuler, contourner les obstacles au fonctionnement de la machine à cash des cigarettiers. David Bartels, le lobbyiste mégalomane qui intrigue pour amener politiques et hauts fonctionnaires à servir les intérêts de European G. Tobacco.
Anton Muller, son homme de main, exécuteur des basses œuvres. Sophie Calder, proxénète à la tête d’une société d’évènementiel sportif.
Ambition, corruption, violence. Sur la route de la nicotine, la guerre sera totale.
Avis : Avec Leur âme au diable, le lecteur/lectrice est plongé(e) dans l’univers (impitoyable !!! et pourtant c’est bien en France et en Europe que ce livre se passe et pas à Dallas…) des cigarettiers et de leurs comparses de 1986 à 2007. Ce roman est le dernier de Marin Ledun, un de mes auteurs favoris.
Ça démarre sur les chapeaux de roues : on découvre Anton Muller qui braque des camions citerne d’ammoniac, un produit hyper important dans la complexe production de cigarettes. Et qui doit faire des choix quand ça tourne mal… et tout ceci pour European G.Tobacco, une société française qui vend des cigarettes.
On rencontre très vite son chef, David Bartels, qui lui travaille pour des sociétés de com’ qui règlent les problèmes (lois, évènementiel, scientifiques qui découvrent les effets nocifs de la cigarette, taxes, contrebandes…) de cette fameuse European G. Tobacco. Et enfin, Sophie Calder dite Valentina, qui sous couvert d’une agence de mannequinat va fournir en chaires fraîches tout ce “beau monde”…
Nous avons donc plusieurs niveaux d’enquête sur une vingtaine d’années : proxénétisme, évasion fiscale, disparition et meurtres. Car ce monde-là est (je le répète) vraiment impitoyable !
Marin Ledun a construit Leur âme au diable en un mélange de rapports d’enquête et de récits sur les différents personnages de cet univers de non-dits, faux semblants, manipulation, corruption et violence. Et son exploit est de rendre ça passionnant !!!!
J’ai été happée par cette histoire qui rejoint l’Histoire. Les requins de cet univers ne sont pas toujours ceux qu’on croit, mais tous les protagonistes ont leurs parts d’ombre. Les deux enquêteurs, Brun, sur les meurtres et la disparition du premier chapitre et Nora sur la partie financière, ne lâchent rien mais risquent de se faire broyer par la machine.
Marin Ledun s’est beaucoup documenté et cela aurait pu déteindre sur le rythme ou la façon de décrire l’enquête de Nora, mais au contraire cela rend ses découvertes encore plus glaçantes… Les retournements de situations et les tels-sont-pris-qui-croyaient-prendre sont jubilatoires. Ce qui nous amène à la fin, qui venant de ce milieu plus que pourri, se finit …. impitoyablement bien sûr !!!! Leur âme au diable, on vous l’avait dit !!!!
Encore un sans-faute pour Marin Ledun !
Roman publié aux éditions Gallimard (Série noire)