La banlieue de Manchester abrite une maison pas comme les autres : une résidence sécurisée réservée aux femmes. Ici, elles sont nombreuses à vivre loin de ceux qui ont fait de leur quotidien un cauchemar. Alors, quand le corps de Katie, leur conseillère et amie dévouée, est retrouvé dans la rivière et que l’inspecteur Whitworth entreprend de les interroger, leur réflexe est de se cacher, de se taire.
Pourtant, elles vont devoir parler. Si elles ne le font pas, la police classera l’affaire en suicide. Comment ces femmes terrorisées pourront-elles jamais se confier à un homme ? Et comment livrer ce qu’elles savent sans risquer de faire tomber l’une d’entre elles ? Car chacune détient une pièce de ce puzzle macabre, et révéler la clé du secret pourrait mettre à l’épreuve leur solidarité, ce dernier lien qui les protège dans une société qui semble les avoir oubliées…
Que vaut la vie d’une femme ?
Avis : Avis: OMG ! Quel roman noir ! On y découvre l’avant et l’après de la vie d’une jeune femme, Katie. L’avant, c’est sa rencontre puis sa vie avec Jamie. L’après, c’est l’enquête sur sa mort (suicide ? meurtre ?) des inspecteurs Whitworth et Brooks.
Katie travaillait dans une maison de protection pour femmes maltraitées. Cela donne donc lieu à des interrogatoires de ces femmes. Nazia, battue par son frère Sabbir. Sonia, qui a fui David, son conjoint, après qu’il se soit aussi mis à battre un de leur fils. Lynne, qui veut également protéger sa fillette Peonie de son mari Franck. Angie qui a vécu un calvaire de 49 ans avec Charlie. Jenny, dont on ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’elle est une ancienne junkie. Et enfin, Valérie Reedwod, celle qui lutte pour maintenir cet accueil ouvert envers et contre tous.
Mais le plus intéressant dans cette enquête est le passé de Katie, qui nous est dévoilé au compte-goutte, un chapitre sur deux environ, mais au combien gênant. Cet homme, Jamie, est viscéralement mauvais.
Jessica Moor décrit l’enfermement de Katie sur elle-même, l’éviction de tout soutien extérieur (amies, travail, famille…) par Jamie. Puis la lente chute de son estime de soi et le viol constant de son corps et de ses pensées. C’est foutrement vrai, glaçant et perturbant. Quelle virtuosité dans la description de cette descente aux enfers ! Quel art dans le déroulement de l’enquête avec ses revirements, ses accélérations, ses piétinements…
Même si j’ai eu des doutes assez tôt et que j’ai compris la fin quelques pages avant la levée définitive du suspense, Les femmes qui craignaient les hommes est à lire absolument. Pour comprendre vraiment ce que vivent les victimes. Et surtout comment la culture du viol brouille les pistes.
Bravo Jessica Moor pour cette description fine et ce suspense au combien glaçant.
Roman publié aux éditions Belfond (Noir) – Traduit de l’anglais (royaume uni) par Alexandre Prouvèze