La geôle des innocents / Ensaf Haidar

La geôle des innocents / Ensaf Haidar

couverture du roman La geôle des innocents de Ensaf Haidar

Rachwan et Râm, deux travailleurs étrangers, sont venus chercher fortune en Arabie saoudite. Ils apprennent vite, à leurs dépens, ce qu’il en coûte d’enfreindre les règles du Royaume. Dénoncé et jugé sans appel, Rachwan est incarcéré dans le terrible centre pénitentiaire de Briman, à Djeddah, pour liaison illégitime avec la belle Siham – détenue quant à elle dans la prison des femmes. Quant à Râm, après s’être enfui de la distillerie d’arak clandestine qui l’employait, il échoue également à Briman.
Tous deux vont faire l’apprentissage de la détention dans toute sa rigueur. Un univers dont les maîtres mots sont la violence, le sexe et la drogue. Mais où les fantasmes ouvrent un espace de liberté et d’exploration de soi parfois déconcertant. Début de la déchéance ? Ou promesse de rédemption ?

Avis : J’avoue que je ne sais pas trop quoi penser de La geôle des innocents. Il m’a fait souffrir intérieurement de voir toutes les injustices et les horreurs commises au nom d’une religion d’état (le wahhabisme de l’Arabie Saoudite), mais le rythme et le ton m’ont beaucoup plu. Par contre, je ne suis pas sûre d’avoir compris le positivisme dans la quatrième de couverture « promesse de rédemption ? » après tout ce que Rachwan subit…

J’ai quand même été happée par les péripéties de la vie de Rachwan Naasane, un syrien qui a fui son pays pour venir travailler en Arabie Saoudite en tant que chauffeur. On apprend sa découverte de l’amour charnel et intellectuel avec Siham, une Yéménite divorcée avec une petite fille. Ce qui constitue aux yeux de la police religieuse une infraction passible de prison. Et quelle prison ! Briman où chaos et puanteur l’accueillent !!!! On y apprend aussi la vie de quelques-uns de ses codétenus dont Râm l’hindou.

Cette prison est pour moi une métaphore des esprits et des corps devant vivre sous un règne aussi rigoriste :
– pas de relations inter-sexe dans l’espace publique,
– le corps de la femme devant être caché et ne lui appartenant pas,
– celui de l’homme sommé de ne pas réagir à ses fantasmes…

L’autrice maîtrise tellement bien le sujet (son mari est emprisonné en Arabie Saoudite pour avoir prôné la liberté d’expression) qu’elle s’est entourée de toutes les précautions : « Ce livre est une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnages réels serait donc fortuite. » Pour nous montrer les dessous des choses sans (trop ?) risquer sa vie ou celle de son mari, elle raconte le point de vue de deux « étrangers ». Et met beaucoup de philosophie, de chansons et de poèmes dans son texte.
En fait si, ça y est, je sais ce que j’ai pensé de La geôle des innocents, c’est un livre qui remue corps et âme son lecteur.

Roman publié aux éditions L’Archipel – Traduit de l’arabe par Francois Zabbal

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