Une mère et son jeune garçon vivent en HLM dans une cité pouilleuse. Sans ressources mais obsédée par les apparences, elle habille son fils avec sophistication, comme une star enfantine ou un acteur imaginaire. Tout l’argent alloué par la mairie est englouti dans des magasins de luxe. L’enfant est raillé par ses instituteurs et méprisé par les gamins du quartier. Jusqu’à ce qu’une assistante sociale impose le principe qui prévaut : les pauvres doivent ressembler à des pauvres. Les allocations de secours sont supprimées, et la mère perd pied, au bout du rouleau. On lui a volé son rêve.
Avis : J’ai toujours entendu dire que le poison se mettait dans les petites fioles. Si on l’applique au monde livresque, on dirait que les plus petites ouvrages peuvent se révéler redoutables ! Parures est un drame social condensé en 119 pages.
Franz Bartelt nous invite dans l’intimité d’un couple peu ordinaire : une mère et son fils. Une relation fusionnelle, où chacun s’oublie pour le bien-être, ou ce qu’il croît être le bien-être, de l’autre. Leur monde tourne autour de la mode, au point d’y laisser tout leur argent dont celui des allocations. Le fils se laisse faire, au détriment de sa scolarité : habillé de façon clinquante et ultra voyante (chemise à jabots, queue de pie,…), il est la risée de ses camarades de classe et des professeurs. Une assistante sociale vient chambouler l’équilibre du duo et coupe court aux allocations. Tout s’effondre…
L’argent a plus de valeur que ce qu’il permet d’acquérir. Il donne à celui qui paie une certaine égalité avec celui qui est payé.
Pourquoi un pauvre devrait-il en avoir l’apparence ? Brouiller les pistes pour faire oublier sa condition et exister aux yeux des autres quitte à en être la risée, c’est ce qui anime cette mère. Mais les codes de la société sont impitoyables et les décisions de l’assistante sociale ferment définitivement les portes de cet échappatoire vestimentaire qu’ils s’étaient créés, basculant la mère dans un état larvaire. Les rôles s’inversent, le fils devient la mère et la mère devient l’enfant. Il y voit du bon – il disparaît dans la masse sociale – mais les regrets le ronge, un corps occupe le lit de sa mère mais elle n’est plus vraiment là.
L’effet huis-clos du roman, qui se déroule majoritairement dans l’appartement avec une parenthèse en salle de classe, renforce le malaise du lecteur. On ne sait pas où se mettre : on a dû mal à s’y plonger les 30 premières pages puis on sent que la situation est malsaine, qu’elle va dégénérer mais on est impuissant. Je suis restée dubitative et la fin rapide (et pleine de sous-entendu qu’on ne sait interpréter justement) m’a laissé un goût amer.
Publié aux éditions J’ai lu.