Une nuit de décembre, un meurtre a lieu au Palace de Verbier, dans les Alpes suisses. L’enquête de police n’aboutira jamais.
Des années plus tard, au début de l’été 2018, lorsqu’un écrivain se rend dans ce même hôtel pour y passer des vacances, il est loin d’imaginer qu’il va se retrouver plongé dans cette affaire.
Que s’est-il passé dans la chambre 622 du Palace de Verbier ?
Avis : Vous connaissez cette sensation ? Celle d’être face au dernier roman d’un auteur dont vous avez adoré les précédents ouvrages mais qui est devenu tellement connu que vous hésitez ? La peur d’être déçue, de lire le livre de trop, celui qui répond peut être à une demande commerciale… J’ai longuement hésité à me plonger dans L’énigme de la chambre 622, partagée entre l’excitation de retrouver la malice de Joël Dicker et la peur du déjà vu. J’avais adoré être menée en bateau dans La vérité sur l’Affaire Harry Québert, croyant tout savoir, avoir découvert avant la fin, puis réaliser dans les dernières lignes que je m’étais faite berner jusqu’au bout.
Première page et une déconvenue : le récit est à la première personne, un certain Joël, ce qui a le don de nous retourner le cerveau. Est-ce l’auteur ? Est-ce un doublon romancé ? Qui plus est, ce nouveau personnage se met à nous raconter son expérience livresque et sa rencontre décisive avec un certain Bernard De Fallois. Perdue…mais intriguée !
Pas à pas, Joël Dicker construit son intrigue, laisse ce que l’on croit être des indices ça et là et nous emmène vers ce que l’on pense être le fond du propos. Que nenni ! Comme dans La disparition de Stephanie Mailer, je me suis faite avoir comme une bleue ! Un meurtre dans une sombre chambre d’hôtel après l’un des plus grands événements d’une banque genevoise. Classique, me direz-vous ?! Le pitch, oui ! L’écriture, non ! Ajoutez-y un écrivain en quête de son futur roman (ça commence à être une marque de fabrique chez Dicker), une acolyte, dont on ne se souvient plus trop d’où elle vient, qui se prend de passion pour ce meurtre non élucidé et un monde de la banque aussi obscur que peuvent l’être certains chiffres. Page après page, on slalome entre le récit d’une rencontre entre un écrivain et son éditeur, les étapes de l’écriture d’un roman et la résolution d’un meurtre qui nécessite de nombreux flash-back. On pourrait s’y perdre, mais la logique de Joël Dicker est implacable et le tout s’imbrique aussi bien que des poupées russes.
Cependant, je n’ai pas pu m’empêcher de grimacer à de nombreuses reprises. La position de la femme, comme faire-valoir des hommes, greffon incapable de vivre sans, m’a agacée. Anastasia et son comportement passif et dépendant m’ont fait lever les yeux au ciel. L’utilisation du passé pour narrer la partir meurtre m’a gêné. J’ai préféré le passage où l’on en apprend plus en suivant l’écrivain et son acolyte qui rencontrent les suspects de longues années après les faits. Je pense qu’il aurait fallu raconter et résoudre le meurtre au présent en y ajoutant quelques flash-backs. A force, on se savait plus trop où on se trouvait dans la temporalité de l’histoire, et ce malgré les indications récurrentes de l’auteur.
L’énigme de la chambre 622 est-il un livre prétexte pour rendre hommage à son défunt éditeur ? Certainement. Bernard de Fallois est décédé en janvier 2018. L’admiration et ce lien qui les unit est évident. Une thérapie livresque. On lui pardonne ?!
Roman publié aux éditions De Fallois