Trois cents ans. C’est le temps que met la Terre pour tourner sur elle-même. Dans le ciel du Long Jour, le soleil se traîne et accable continents et océans, plongés tantôt dans une nuit de glace, tantôt dans un jour de feu. Contraints à un nomadisme lent, les peuples du Levant épousent l’aurore, les hordes du Couchant s’accrochent au crépuscule.
Récemment promue au rang de maître, l’assassine émérite Célérya accepte un enrôlement douteux dans le désert de l’est. Là, sans le vouloir, elle contribue à l’accomplissement d’une prophétie en laquelle elle n’a jamais cru.
Un domino vient de tomber ; les autres suivront-ils ?
Avis : Je l’avoue, lorsque j’ai commencé à écrire ma chronique de La Marche du Levant, je ne savais pas trop par quel bout la prendre. Le roman m’a plu, beaucoup, par certains aspects, mais il m’a aussi malheureusement perdu en cours de route pour d’autres.
Le monde que Léafar Izen imagine ici est passionnant et riche. La société qu’il nous présente pratique le nomadisme, non pour des motifs culturels mais par le besoin impérieux d’assurer sa survie. Alors qu’une journée dure 300 ans, les peuples qui parcourent ce monde, par ailleurs for semblable au nôtre, font la course avec le soleil, pour éviter de cuire… ou de geler !
Le roman se divise en 3 chants. Le premier m’a enthousiasmée. L’auteur nous y présente la Marche du Levant, son fonctionnement et ses croyances. Et notamment sa foi en une prophétie qui assume qu’une enfant naîtra, du nom d’Akeyra, et qu’elle mènera la Marche à travers la Sainte Porte vers un monde où elle pourra s’établir. Nous y rencontrons également Célérya, une jeune assassine qui vit en marge de la Marche et tente d’être qualifiée Maître par la guilde à laquelle elle appartient.
J’ai adoré l’idée que, dans cette prophétie, tout était mis en scène pour coller aux versets qui la composent. La mise en branle, particulièrement, est volontaire et artificielle et surtout, extrêmement opportuniste. Tout au long, on tord les évènements pour qu’ils correspondent (plus ou moins) à ce qu’on attend d’eux. Une fois que le jeu est lancé, les protagonistes acceptent le rôle qu’on leur a dévolu (et le destin a très peu de choses à y voir) et s’efforcent de suivre le scénario. C’est particulièrement vrai pour le personnage d’Akeyra qui se plie à une vie, très loin de celle qu’elle aurait aimé mener. Alors que dans la plupart des romans que j’ai pu lire utilisant le truisme de la prophétie, les personnages se défendent plutôt d’y appartenir et même, tentent de s’en détacher, j’ai aimé ce parti pris.
Malheureusement c’est après que cela commence à se gâter pour moi. Les 643 pages de La Marche du Levant déploient une histoire qui se déroule sur des dizaines d’années (les héros ont une longévité nettement supérieure à la nôtre). Certains pans de cette chronique du temps se voient donc réduit à leur minimum, alors qu’on aurait aimé que l’auteur prenne plus son temps pour les développer. Paradoxalement, j’ai pourtant ressenti pas mal de longueurs et l’impression de ne pas avancer assez vite. Il m’a également manqué un attachement aux personnages. Dans les 2 parties suivantes, Célérya est reléguée à un second rôle au profit d’Akeyra, et l’on perd les liens qu’on avait pu commencer à construire avec elle. Et Akeyra, aussi gentille et pleine de bonne volonté soit-elle, n’a jamais réussi à réellement m’impliquer. J’avais l’impression de toujours rester en surface de sa personnalité, de ne pas atteindre ses émotions.
Et arrive l’épilogue, qui bouleverse tout. C’est un total changement de paradigme. J’attendais une révélation, une surprise, en lien avec la prophétie, mais j’avoue, je ne m’attendais pas à ça ! Toutefois, peut-être ai-je loupé des éléments, mais je n’ai pas l’impression d’avoir eu toutes mes réponses concernant la porte et les verstes, ce que je regrette.
Roman publié aux éditions Albin Michel (Imaginaire)
Petite note personnelle : J’ai beaucoup hésité à classer La marche du Levant en fantasy ou en SF. Au final, je dirais que ce roman est une poupée russe, qui appartient à la fois aux 2 genres. Je ne vous en dirais pas plus là-dessus car sinon ce n’est pas drôle, il faut conserver le plaisir de la découverte 🙂