Les infâmes / Jax Miller

Les infâmes / Jax Miller

couverture de Les infâmes de Jax Miller

Freedom Oliver, alcoolique et suicidaire, a passé dix-huit ans à se cacher dans une petite ville de l’Oregon, sous protection du FBI. Hantée par son passé douloureux et la mort brutale de son mari, elle souffre d’avoir abandonné ses deux enfants pour échapper à la vengeance de son beau-frère. En apprenant la disparition de sa fille Rebekah, élevée par un pasteur aux croyances radicales, elle part avec l’énergie du désespoir pour le Kentucky. Après tant d’années à se cacher, quitter l’anonymat, c’est laisser à son bourreau l’occasion de la retrouver. Et de se venger.
Entre les paumés magnifiques, les flics indélicats, les dégénérés de sa belle-famille et de dangereux fanatiques religieux, son périple tourne à l’odyssée.

Avis : Les infâmes se rapproche beaucoup de Candyland que j’avais également dévoré. Il y est question de religion, de drogue et de personnages désespérés. De cette Amérique profonde qui veut croire en sa grandeur, mais qui se replie sur elle-même et n’a pas la force de s’améliorer. Qui ne connait que la violence et la décadence. Que l’inhumain.

Cette infamie est plurielle. Et l’histoire que tisse Jax Miller est en forme de poupées russes. On ne sait jamais quelle autre horreur va s’imbriquer dans le chapitre suivant. En effet, quel peut être le lien entre :
– Freedom Oliver, barman défoncée par l’alcool, pourrissant dans l’Oregon,
– Mark, un futur grand nom du barreau,
– la congrégation des adventistes du troisième jour se situant dans le Kentucky, dont le révérend parle avec Dieu (et très accessoirement, connait la date du retour de Jésus sur Terre), et dont la fille Rebekah vient de disparaître,
– et la famille Delaney, grand nom de la drogue dans l’état de New York ?

Ce lien est l’idée que les femmes ne sont que des objets entre les mains des hommes. Alors bien sûr, cette histoire prend aux tripes. Mais elle ne se résume pas à ça, loin s’en faut. C’est aussi une putain d’intrigue. Les rebondissements n’en sont que plus intéressants. Les infâmes est un puzzle, imbriquant petit à petit ses pièces pour nous montrer une image sordide mais dont les personnages englués vont finalement se mettre en mouvements. Pour le meilleur ? Non, bien sûr que non. Mais pour autre chose.

Les personnages secondaires sont certes caricaturaux (le très vieil amérindien sage, le flic corrompu, le bon flic amoureux…) mais cela donne corps à cette histoire. Et les rencontres de Freedom sur son « chemin de croix », renforcent cette idée de fin du monde (d’un monde ?). C’est très proche de la série True detective (première saison), ou d’Ozark. C’est vraiment comme avec John Connolly, un de mes auteurs préférés, et son personnage de Charlie Parker. Ils nous racontent tous cette Amérique profonde, violente et inculte, rageuse et enténébrée… Et ce qui me plait au-delà de cette violence, c’est qu’ils nous donnent à lire le point de bascule. Ce moment magnifique et presque magique, où l’histoire opère un changement. Changement de rythme, de vision, de souffle. Comme je le disais, on n’est jamais sûr que ce soit pour une amélioration mais au moins, ça bouge !

J’ai vraiment plongé dans cette histoire de femmes cassées car je n’ai pas lâché Les infâmes et même la fin (plus qu’entachée pour un happy end) m’a arrachée un sourire en même temps qu’une larmichette !

Mais quand Jax Miller va-t-elle en écrire un autre ?

Roman publié aux éditions J’ai lu – Traduit de l’anglais (États Unis) par Claire Marie Clévy

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