Albert Campion, Tome 1
Wyatt Petrie, jeune aristocrate, organise un week-end festif dans son château ancestral de Black Dudley. Mais, alors que ses invités décident de rejouer un rite initiatique autour d’une dague dans le manoir plongé dans l’obscurité, l’un des participants est retrouvé mort. Accident ? Assassinat ? Les convives, dont un mystérieux jeune homme répondant au nom d’Albert Campion, tentent de faire la lumière sur cette étrange affaire. Très vite, les invités comprennent qu’ils ne sont pas au bout de leurs peines. Il s’avère en effet beaucoup plus facile de se rendre à Black Dudley que d’en repartir…
Avis : Margery Allingham est une contemporaine d’Agatha Christie. Paru pour la première fois en 1929, Crime à Black Dudley est le premier tome des aventures de l’excentrique et mystérieux Albert Campion.
Pourtant, de manière assez originale, il n’apparaît ici que comme un personnage secondaire. Celui auquel les pas de Margery Allingham s’attachent, c’est George Abbershaw, médecin réputé travaillant à l’occasion avec Scotland Yard. Lui et quelques amis sont venus passer le week-end à Black Dudley, un vieux château perdu dans la campagne anglaise. Malheureusement, ils ne sont pas les seuls à avoir décidés de respirer l’air frais du Suffolk. Un meurtre et une disparition d’objet précieux plus tard, les voilà coincés avec une bande de mafieux revanchard, coupés du monde et sans aucun moyen de s’enfuir.
Malgré ce qu’on pourrait penser, et la réputation de son autrice, Crime à Black Dudley n’est pas whodonit. La résolution du crime, la question – pas brûlante du tout – de savoir qui l’a fait, n’apparaîtra qu’à la toute fin du roman. Et même là, il n’y a pas réellement de surprise, j’avais facilement deviné le coupable. Non, ici nous sommes plutôt dans une aventure un poil extravagante – voire vaudevillesque -, qui se dessine à coups de passages secrets, de personnages grandiloquents, et de survie.
Il n’y a pas d’indication précisant l’époque où se déroule l’action, mais on l’imagine contemporaine à l’écriture du roman. L’ambiance est désuète et très « vielle Angleterre » : les dames restent à l’écart pendant que les hommes prennent les choses en mains ; éclairé à la chandelle, le château est délicieusement lugubre.
Bien qu’en retrait, Albert Campion est un personnage intéressant et original. Dans ce premier tome, on ne sait jamais qui il est vraiment. Criminel, espion, détective, homme de mains, magicien ? Un touche à tout en tout cas, et qui a plus d’un tour dans son sac à malices. Un mix étrange entre Arsène Lupin et Guignol.
Crime à Black Dudley est une lecture plaisante, à lire entre 2 romans plus corsés.
Roman publié aux éditions HarperCollins (Poche) – Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par José Noiret