Kabu Kabu / Nnedi Okorafor

Kabu Kabu / Nnedi Okorafor

Couverture de Kabu Kabu de Nnedi OkoraforEmbarquez en direction de l’aéroport de New York dans un kabu kabu, taxi clandestin à qui vous fera traverser les légendes africaines.
Découvrez une musicienne qui joue de la guitare pour un zombie particulier.
Rencontrez Arro-yo, la coureuse de vents à la chevelure maudite, qui se bat pour exister sur l’étrange planète Ginen.
21 nouvelles vers un ailleurs étonnant et passionnant.

Avis : J’ai beaucoup, mais beaucoup, non vraiment énormément aimé ce recueil de nouvelles et d’essais de l’autrice Nnedi Okorafor. Dans Kabu Kabu, elle parle merveilleusement bien de la place de la femme, du rôle des croyances et superstitions qui s’érigent en traditions (en Afrique particulièrement), de l’éducation et des discriminations qui s’amoncellent quand on est femme, noire et pauvre.

Ce livre commence par une courte nouvelle : Le Nègre magique, qui est hilarant et très décalé. Cette entrée en matière donne d’une certaine manière le ton des nouvelles suivantes, même si je n’y ai pas retrouvé le même comique. L’autrice est là pour dire des vérités, elle le fera de façon crue ou bien par des moyens détournés, mais elle le fera.

Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire un commentaire sur chacune des 21 nouvelles/essais de ce livre. Mais plutôt voir ce qui les relie et en donne la puissance.

La touche fantastique se révèle être, dans plusieurs d’entre elles, la capacité à voler ou à déplacer du vent. On parle des coureurs de vents mais il y a aussi parfois des vampires, des zombies, des kabu kabu (tuk tuk de l’Afrique) qui voyagent dans le temps et l’espace, des fantômes, un oiseau qui endort et beaucoup d’autres découvertes originales.

La touche science-fiction est présente dans l’utilisation de la technologie alliée avec les plantes (des villes entières faites d’un alliage plante-plastique) ou dans des villes qui étaient très avancées technologiquement parlant mais totalement à l’abandon dans le désert…. ou encore dans des hommes avec des membres cybernétiques incroyablement puissants et des machines e-intelligentes qui gardent les pipe-lines contre les pillards.

Nnedi Okorafor a une écriture particulière qui mêle tradition (beaucoup de ses héroïnes ont des connaissances dans les plantes qui soignent) avec nouveauté (dans Tumaki, l’héroïne est électronicienne ET porte la burqa à une époque où cela ne devrait pas être possible). Elle nous pousse à réfléchir sur la fonction de la mémoire et du respect mais pas dans un contexte de superstition ou de tradition (comme l’excision et l’engraissement des futures épouses). Toutes ses nouvelles ont une dimension politique : où va le Nigéria ? Que font les blancs à piller les ressources naturelles de l’Afrique ? Que font les hommes aux femmes du monde entier ? Comment réagir face au racisme ?

Mais elle le fait de différentes manières : drôle, détournée avec l’entrée du fantastique ou de la SF ou carrément gore. Il y a même un petit chaperon rouge revisité et des parties du récit qui nous sont directement adressées (comme un aparté dans une pièce de théâtre).

Au cas où vous ne l’auriez pas compris, je vous recommande plus que chaudement Kabu Kabu et pour ma part, je cours me dégoter d’autres livres de Nnedi Okorafor. Et si vous n’êtes pas encore convaincus, sachez que Whoopi Goldberg fait l’avant-propos de ce livre… Je dis ça, je dis rien…

Recueil publié aux éditions ActuSF (Perles d’Épice)- Nouvelles traduites de l’anglais (US) par Patrick Dechesne
Essais traduit de l’anglais (US) par Robin Remy

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