Les chroniques de St Mary, Tome 1
La jeune historienne Madeleine Maxwell vient de terminer brillamment ses études et s’apprête à passer un entretien à l’institut St Mary. Mais en pénétrant dans l’enceinte de ce centre de recherche historique, Max comprend très vite que celui-ci ne ressemble à aucun autre. Derrière la façade très académique de l’institut St Mary, les équipes d’historiens, de techniciens, de chercheurs ont découvert le secret du voyage dans le temps. Ici, les historiens n’étudient pas seulement le passé, ils le visitent… Max comprend très vite les possibilités qui s’offrent à elle. De la disparition de Pompéi aux tranchées de la Première Guerre mondiale, du grand incendie de Londres à la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie, la jeune historienne va revivre d’extraordinaires événements. Alors qu’au sein de l’institut naissent des enjeux de pouvoir…
Avis : Cela faisait un moment que j’avais envie de lire Les chroniques de St Mary, et que le premier tome, Un monde après l’autre, trainait dans ma PAL. À chaque fois que j’en entendais parler c’était toujours dans des retours enthousiastes, et j’avais tellement aimé les livres de Connie Willis, sur le même thème, que j’avais envie de retrouver cet engouement. Là a très certainement été mon erreur. Car nous ne sommes pas, mais alors pas du tout, dans du Connie Willis. Mais, lorsqu’on m’a suggéré une LC sur ce titre, j’ai sauté sur l’occasion et… vous l’aurez sans doute deviné, je n’ai pas du tout aimé ce livre !
Pourtant, ça avait bien commencé. Jodi Taylor fait montre de son humour dès le début, par un avertissement aux historiens, puis dans un Dramatis bidulae plein de peps. C’était prometteur et j’étais vraiment très enthousiaste. Mais même cet aspect finit par s’estomper. Son héroïne n’est jamais avare de piques et de bons mots, c’est vrai, mais même si j’ai souri quelques fois, ce n’était jamais aussi drôle que ce que j’attendais. Et puis il faut dire que l’histoire ne me convainquait vraiment pas.
Nous suivons donc Madeleine Maxwell, surnommée Max, à partir du moment où elle se fait recruter par l’institut St Mary pour aller explorer l’Histoire. Littéralement. Dans des modules de voyage temporel, ils envoient des historiens à travers le temps pour assister aux grands évènements et revenir fort de cette connaissance. Ils ne doivent toutefois ni tenter d’influer sur le déroulement ni ramener quelque chose. La première partie du roman se concentre sur la formation de Max, puis nous la suivons dans ses missions.
Et là se situe, pour moi, l’un des problèmes d’Un monde après l’autre : la gestion de la time line. Le roman fait seulement 350 pages, et il couvre les 5 premières années de la vie de Max à St Mary. On ne ressent pas du tout ce passage du temps. Tout va trop vite et manque d’approfondissement. Et surtout, l’ensemble du roman baigne dans un flou artistique, que ce soit l’apprentissage des futurs voyageurs, le fonctionnement du voyage lui-même, de l’institut… et ce jusque dans la caractérisation des personnages. On nous fait comprendre que Max a vécu une enfance difficile, mais sans qu’il soit jamais clairement dit en quoi. Et je ne vous parle pas des autres protagonistes parce qu’on ne les connait pas vraiment, et que pour certains, j’ai même dû me reporter au Dramatis pour me rappeler qui ils étaient…
Par ce traitement en accéléré, je pense que le roman se voulait dynamique et souhaitait mettre l’accent sur le côté « aventure ». L’un des plus longs passages se passe d’ailleurs au Crétacé, au milieu des dinosaures. Mais c’est tombé complètement à plat pour moi. J’ai au contraire trouvé le récit assez plat, et ça manquait clairement de suspense. J’ai vu tous les rebondissements arriver à des kilomètres. Et ce n’était pas difficile puisque l’héroïne elle-même, en tant que narratrice, les annonce. Cela aurait encore pu passer sans les nombreuses incohérences. C’est bien de vouloir pimenter son intrigue par des révélations, mais encore faudrait-il qu’elles tiennent la route. Et c’est là que le problème du flou artistique revient, car sans ça, ça l’aurait peut-être fait.
La romance, elle, est sans saveur. Mais elle donne surtout lieu à une scène qui a achevé de me faire dresser les cheveux sur la tête et qui m’a profondément choquée, où le prétendant de Max l’insulte et lui manque de respect, et en gros ça se finit par « non, mais c’est pas grave il était bouleversé le pauvre ». Et bien non, c’est grave. C’est la 2e fois cette année que je lis une scène de ce genre, à chaque fois écrite par une femme – ce que quelque part, je trouve encore pire – et pour moi cela contribue à véhiculer une certaine image de la femme, et à cautionner, puisqu’ils ne sont pas remis en question, des comportements qui ne devraient plus exister. Voilà, c’était la minute féministe 🙂
Dans cette LC, nous étions 3, et je suis la seule à ne pas avoir aimé ma lecture d’Un monde après l’autre. Je suis apparemment une anomalie, mais j’ai quand même envie de dire : laissez tomber Jodi Taylor, lisez Connie Willis !
Roman publié aux éditions Hervé Chopin – Traduit de l’anglais par Cindy Colin Kapen