Lorsque Harriet Westaway reçoit un courrier lui annonçant un héritage conséquent provenant de sa grand-mère, cela semble être la réponse inespérée à tous ses problèmes.
En effet, Harriet doit de l’argent, beaucoup d’argent, emprunté à un usurier sans scrupules, et cela risque fort de mettre sa vie en danger. Seul souci : ses grands-parents sont décédés vingt ans auparavant, et elle ne les a même jamais connus. La lettre a donc été adressée à la mauvaise personne.
Mais Harriet qui gagne sa vie en tirant les cartes pour prédire l’avenir n’est plus à une affabulation près. Et ce coup du sort pourrait enfin tout résoudre sauf si le hasard en décide autrement…
Avis : J’avais beaucoup aimé les 2 précédents romans de Ruth Ware. Je trouve qu’elle sait vraiment bien installer des atmosphères même si j’ai à chaque fois regretté ses fins qui se tirent en longueur. Mais je n’aurais pas ce reproche ici, la fin de La mort de Mrs Westaway est même la partie que j’ai trouvé la plus réussie du roman !
Nous suivons Hal Westaway, 21 ans, pauvre et sans famille depuis la mort de sa mère. Elle a commis l’erreur de s’adresser à des usuriers, et est en train de se rendre compte que ce n’était pas une bonne idée… Comme en réponse à ses prières, elle reçoit un courrier l’informant que suite au décès de sa grand-mère, elle doit venir dans les Cornouailles pour toucher sa part d’héritage. Ce ne peut-être qu’une erreur, sa grand-mère maternelle est morte 20 ans auparavant, mais… Hal est désespérée. Elle décide donc de se rendre à Trespassen House et de rencontrer ses nouveaux « oncles ».
Hal est cartomancienne. Elle ne croit pas vraiment au pouvoir mystique des tarots, mais son jeu a une valeur sentimentale, il a accompagné toute sa vie, et lui permet aujourd’hui de subsister. Dans les moments de doute, elle le ressort donc. L’utilisation qui est faite des tirages est vraiment pertinente, et approfondit le background de l’histoire. Cela ajoutait en outre au roman une coloration amusante, flirtant légèrement avec le fantastique.
Il faut néanmoins noter que La mort de Mrs Westaway diffère de ses autres titres dans l’écriture : seule la dernière partie s’apparente au style du thriller, nerveux et légèrement angoissant. Avant cela, le ton est plus doux, et les évènements ne provoquent pas réellement l’inquiétude. Pourtant, le décor pourrait aisément le justifier : une vieille maison labyrinthique pleine de courant d’air, une chambre sous les combles qui ferme de l’extérieur, une gouvernante qui n’est pas sans rappeler la Mrs Danvers de Manderley…
Malgré cela, on ne s’ennuie pas minute. Car la famille Westaway est pleine de secrets et de non-dits. Dont le plus brûlant est de savoir ce qui a pu arriver à Maud Westaway… De plus l’ombre de la vieille Mrs Westaway plane encore sur cette maison, déversant son venin, torturant ses enfants de par-delà la tombe… C’est vraiment très intrigant. J’étais très curieuse de connaître le fin mot de l’histoire, et la manière dont toutes les pièces s’imbriquaient.
D’ailleurs, Ruth Ware m’a retournée la tête avec son intrigue. J’avais deviné certaines choses, loupé d’autres. Mais là où je l’ai trouvée très forte, c’est lorsqu’elle est parvenue à me faire croire que je m’étais trompée dans mes déductions initiales, à m’égarer sur de fausses pistes, pour finalement me rendre compte que j’avais vu juste !
J’ai donc passé à nouveau un agréable moment de lecture avec La mort de Mrs Westaway, et je ne manquerai pas les prochaines sorties de l’autrice !
Roman publié aux éditions Fleuve (Fleuve Noir) – Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Héloïse Esquié