Pour éprouver la soif il faut être vivant.
Avis : Je n’ai pas pu m’empêcher de prendre Soif sur les rayonnages de ma bibliothèque ! J’avais bien dit à Zina que j’arrêtais définitivement Amélie Nothomb car j’avais été un peu trop déçue de ses derniers livres… avec leurs fins trop abruptes, et moins de résonances dans ses propos… Et bien, je ne le regrette pas une minute !
Soif renoue avec ce que j’aime chez Amélie Nothomb : le décalage humoristique qu’elle manie avec brio et la pensée unique qu’elle envoie valdinguer à toute berzingue dans ce roman. Il faut quand même un immense talent pour raconter un passage de la bible connu et dont beaucoup ont eu les oreilles rabattues, et en faire un moment jubilatoire et ouvert à toutes les spéculations. Non, d’ailleurs je ne devrais pas dire « toutes ». Amélie Nothomb donne à lire une vision (que je partage d’ailleurs avec elle) : Dieu se plante régulièrement et son fils en a subi douloureusement les conséquences à l’époque mais que dire de nous, les humains ?
Elle parle avec beauté de la sensation de soif, qu’il faudrait toujours vivre dans la journée pour avoir le plaisir de l’étancher… « Pour éprouver la soif il faut être vivant » et elle compare la soif avec la foi. Elle remet les sentiments humains au centre de nos vies, tout en disant que ceux-ci ne doivent pas (forcément ?) être actés. Et elle pose des questions cruciales sur les femmes, dans la religion mais pas que… Elle pose également des questions sur la religion bien sûr et se demande le pourquoi de cette crucifixion ! Pourquoi un homme (même fils de Dieu !) devrait mourir, et surtout le vouloir, car alors son message « aimez les autres comme vous même » lui semble contradictoire : accepter de se tuer ce n’est pas vraiment le signe de son amour pour soi-même, non ? Et du coup, l’amour que l’on porte à son voisin ne serait pas très haut…
Je vous laisse avec une interview d’elle, qui m’a beaucoup appris… autant sur elle, que sur ce livre.
Roman publié aux éditions Albin Michel