La Famille Turner, de Vandergriff (Texas), se tient sur le seuil d’un monde terrifiant dominé par une cosmologie de monstres. Est-ce le leur ou est-ce le nôtre ?
Avis : Je ne savais pas à quoi m’attendre avec Une cosmologie des monstres. Normalement je n’aime pas trop les romans dont on ne sait pas vraiment de quoi ils parlent… Le résumé est ici des plus succincts, composé majoritairement par un éloge enthousiaste de Stephen King. La magnifique couverture, et les bonnes lectures que j’avais précédemment faites chez le même éditeur m’ont toutefois convaincue de me laisser tenter.
Et c’est vrai qu’il est difficile de parler de ce livre. De bien en parler sans trop en dévoiler. Plus d’une fois, j’ai même pensé à Protocole gouvernante qui, dans un style très différent, est tout aussi énigmatique. Et j’ai craint de finir sur le même constat. Mais non, Shaun Hamill nous offre une fin profondément satisfaisante. Et c’est avec un sentiment de vive émotion que j’ai tourné la dernière page. Car contre toute attente, j’ai adoré Une cosmologie des monstres.
Contre toute attente, car ce n’était au départ pas gagné. Le roman se divise en plusieurs parties, intercalées d’étranges interludes, des « séquences ». Nous y suivons la vie de la famille Turner, Harry et Margaret, les parents, et leurs 3 enfants, Sydney, Eunice et Noah, de 1968 à 2013. Nous les suivons dans leurs joies et dans leurs peines, dans leurs évènements marquants – la rencontre, leur première maison hantée, la maladie, la disparition de l’un des enfants… Au fil des chapitres, des parties mêmes, mon intérêt ne cessait d’osciller entre plaisir et ennui. C’était très déstabilisant.
Le fantastique semble effleurer la surface de cette famille sans que l’on ne tombe réellement dedans. Jamais ? En ce qui me concerne, je suis tombée définitivement dans le terrier lorsqu’on commence à suivre Noah, 6 ans, et son Ami le monstre. Et petit à petit je me suis surprise à vouloir lire de plus en plus vite. Une cosmologie des monstres est un roman qui vous attrape sans en avoir l’air. Un de ceux qui, lorsque de nouveaux éléments sont dévoilés, vous illumine de sa compréhension et vous donne envie de retourner en arrière pour relire certains passages avec cette nouvelle perspective.
C’est un roman qui nécessite une vue d’ensemble pour pleinement s’apprécier. Pour apprécier l’astucieuse narration de l’auteur. Pour apprécier sa vision, et sa façon subtile de parler de sujets graves. Et en rester émerveillé. Un roman empreint de poésie et de nostalgie. C’est aussi de belles histoires d’amour. Et c’est bien sûr, un grand hommage aux romans d’horreur gothique et à Lovecraft en particulier.
Vous aussi, laissez-vous emporter par la magie de Shaun Hamill. Bon, en revanche n’attendez pas un roman d’horreur… on serait plutôt dans la tragédie grecque, ou dans le drame en 7 actes.
– Noah, un dénouement heureux, ça n’existe pas. Il n’y a que de belles escales.
Ma famille est extraordinairement douée pour ça. Chez nous, les choses ne se terminent jamais avec élégance. En général, elles ne débutent d’ailleurs pas beaucoup mieux.
Roman publié aux éditions Albin Michel (Imaginaire) – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Benoît Domis
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