Dans les montagnes sauvages du Frioul, en Italie, le commissaire Teresa Battaglia, la soixantaine, la langue acérée et le cœur tendre, est appelée sur les lieux d’un crime pour le moins singulier : un homme a été retrouvé mort, les yeux arrachés. À côté de lui, un épouvantail fabriqué avec du cuivre, de la corde, des branchages… et ses vêtements ensanglantés.
Pour Teresa, spécialiste du profilage, cela ne fait aucun doute : le tueur frappera à nouveau. Elle va devoir rassembler toute son énergie et s’en remettre à son expérience pour traquer cette bête humaine qui rôde dans les bois. Si tant est que sa mémoire ne commence pas à lui faire défaut…
Avis : A Traveni, un petit village à la frontière entre l’Italie et l’Autriche, l’atmosphère est tendue entre ceux qui accueillent avec joie les travaux pour la nouvelle station de ski, qui va créer de l’emploi et faire venir les touristes, et ceux qui voudraient que leur village reste immaculé. Alors, lorsqu’un corps mutilé est retrouvé dans la neige, et que débarque de la ville une brigade de police menée par une commissaire têtue et irascible, cela n’arrange pas vraiment les choses.
Les habitants de Traveni sont aussi sauvages et froids que les montagnes dans lesquelles ils vivent. Et ils sont bien décidés à garder leur domaine et leurs prérogatives. Et leurs secrets… Mais dans l’ombre, un homme ne se contente pas d’habiter sur la Montagne, il fait corps avec elle. Et il observe, il voit. C’est l’un des points forts de Sur le toit de l’enfer, cette nature sauvage et âpre, caractérisée jusque dans les personnages. Une gangue de glace qui isole le village du reste du monde. Mais le mal trouve toujours un passage.
Les évènements d’aujourd’hui plongent leurs racines dans l’Histoire. Une Histoire ignominieuse, honteuse, qu’Ilaria Tuti nous fait découvrir en filigrane. Et c’est une tristesse infinie qui s’en dégage. Car ne vous y trompez pas, derrière l’horreur se cache un drame humain. Et ça, Teresa Battaglia l’a bien compris, elle qui sait voir les hommes derrière les monstres. Cette héroïne au cordeau, sèche, nette et implacable a ses propres fêlures, ses propres secrets, dans lesquels elle puise une compréhension innée de ceux des autres.
Sur le toit de l’enfer est le premier tome d’une série mettant en scène cette héroïne atypique et c’est avec plaisir que je lirai ses prochaines aventures.
Roman publié aux éditions Robert Laffont – Traduit de l’italien par Johan-Frédérik Hel Guedj