Playboy millionnaire, l’ignoble Vivek « Vicky » Rai est tué lors de sa propre garden-party. Six convives sont suspectés : un bureaucrate possédé par l’esprit de Gandhi ; l’actrice la plus glamour de Bollywood, fan de Nietzsche ; un tout petit aborigène très doué pour l’effraction ; un gamin des rues voleur de portables au physique de jeune premier ; un Monsieur catastrophe texan sous protection judiciaire ; et le must du politicien corrompu, le propre père de la victime.
Des palaces de Delhi aux bidonvilles de Mehrauli, des repaires terroristes du Cachemire aux cabanes des îles Andaman, des berges du Gange aux tapis rouges des premières de Bombay, entre soif de justice, vengeances, manigances politiques, quête d’un totem perdu ou d’une fiancée par correspondance, tous les chemins semblent mener au jardin du crime. Mais qui a tué Vicky ?
Avis : Vikas Swarup m’avait fait vibrer avec Slumdog millionnaire (que j’avais vu en film). J’avais découvert les univers sombres et foisonnants de Shantaram de Gregory David Roberts et The Bastard of Istanbul de Elif Shafak il y a quelques mois. Des livres aux univers moyen oriental et indien que je connais peu, mais qui m’ont beaucoup touchée. C’est donc avec plaisir que j’ai foncé dans celui de Meurtre dans un jardin indien. Et je ne le regrette pas une minute car Vikas Swarup est un virtuose du suspense et un maître du rebondissement. Il y allie également l’immersion dans le monde indien et le décalage de type d’écriture selon le personnage dont il parle.
Car il nous fait voir cette incroyable histoire par le truchement de pas moins de 6 personnages auquel il donne la parole. Ces personnages sont tous un peu improbables mais tiennent le coup et donnent au récit de l’humour et un point de vue intéressant. Ils sont aussi tous suspects dans le meurtre de Vicki Rai, riche playboy peu scrupuleux :
– Une actrice glamour de Bollywood fan de Nietzche,
– Un texan naïf et maladroit,
– Un aborigène,
– Un bureaucrate véreux qui se prend parfois pour Gandhi,
– Le père de Vicky Rai, la victime de ce Meurtre dans un jardin indien,
– Un pauvre habitant d’un bidonville, au physique de jeune premier…..
L’auteur varie les styles selon les personnages (journal intime pour l’actrice, relevés d’écoute téléphonique pour le politicien véreux) et bien sûr le phrasé et le vocabulaire s’adaptent aux différents protagonistes. C’est une gymnastique au début, puis on y prend goût tellement c’est hilarant dans certains chassé-croisé sur les us et coutumes, notamment avec l’Américain.
Au fil du roman, on apprend les liens qui existent entre chacun des personnages et les situations parfois rocambolesques qui en sont à l’origine. Les revirements de situations, surtout pour l’actrice la plus glamour de Bollywood et de son sosie, m’ont fait pâlir d’effroi. Les derniers chapitres font monter la tension crescendo pour résoudre cet imbroglio de qui a tué Vicky Rai et dédouanent au fur et à mesure certains de nos chouchous…
Là où Shantaram est un livre sur un bandit qui a vécu mille vies en Inde mais qui finalement, sacralise les méchants, Meurtre dans un jardin indien est un coup de pied dans la fourmilière pour réveiller la bonté des gens avec des passages pour plus de droits aux femmes et moins de marchandisation des corps, moins de grenouillage politique et pour faire la guerre aux mafieux. Bref pour plus d’égalité et de justice dans le système indien. Mais c’est fait avec légèreté et intelligence par cette histoire riche et fourmillante.
J’espère que ce livre sera lui aussi adapté au cinéma, car il est irrésistible et devrait donner des scènes spectaculaires.
Roman publié aux éditions Belfond – Traduit de l’anglais (Inde) par Roxane Azimi
Ce livre vous intéresse et vous souhaitez soutenir le blog ? Passez par un des liens Fnac ci-dessous pour votre achat, cela ne vous coûtera pas plus cher et permettra d’aider à financer le blog (en savoir plus) :