Quand quelques lignes en bas de la colonne des brèves révèlent la découverte d’un squelette de bébé sur un chantier de la banlieue de Londres, la plupart des lecteurs n’y prêtent guère attention. Mais pour trois femmes, cette nouvelle devient impossible à ignorer.
Angela revit à travers elle le pire moment de son existence : quarante ans auparavant, on lui a dérobé sa fille à la maternité. Depuis, elle cherche des réponses.
Pour Emma, jeune éditrice en free-lance, c’est le début de la descente aux enfers, car ce fait divers risque fort de mettre son secret le plus noir à jour et de détruire sa vie à jamais.
Quant à Kate, journaliste de renom et avide d’une bonne story, elle flaire là le premier indice d’une affaire qui pourrait bien lui coûter quelques nuits blanches.
Car toutes les histoires ne sont pas bonnes à être publiées… Encore moins quand elles font resurgir des vérités que personne ne souhaite connaître.
Avis de Lisou : Ce livre m’a coupé la chique. La coupure m’a emportée dans son suspense poignant. Progressivement Kate, la journaliste, recoupe les faits et ouvre la voie à la compréhension du puzzle qu’est ce livre au travers de ce « simple » fait divers : des ossements de nourrisson ont été retrouvés dans un jardin du quartier populaire de Woolwich.
Cela touche plusieurs femmes, mais seulement deux d’entre elles en ont vraiment le souffle coupé. Emma d’abord. Cette quarantenaire qui travaille de chez elle comme nègre pour les stars qui écrivent leur autobiographie ouvre le bal en étant le titre du premier chapitre. Elle a un secret qu’elle ne souhaite ni révéler ni voir révéler, que ce soit à son mari ou à Jude, sa mère. Angela ensuite. Cette grand-mère a été coupé de son bébé à la maternité. Sa petite Alice lui a été enlevée alors qu’elle prenait sa douche et n’a jamais été retrouvée. Elle la pleure toujours et cette coupure de presse pourrait lui permettre de faire son deuil.
Les autres femmes de cette enquête que va mener avec succès Kate, la journaliste d’investigation du Daily Post, sont Jude, la mère d’Emma, Harry sa meilleure amie, ainsi que Toni et Mlle Walker, des habitantes de Woolwich. Elles ont parfois droit à être titre d’un chapitre, mais elles sont surtout vues en clair-obscur par le truchement d’Emma ou de Kate. Elles vont toutefois se retrouver dans les turbulences venues du passé. Plusieurs secrets sordides vont être dévoilés et vont couper bras et jambes à certains. Car des hommes aussi seront mis en cause.
Les émotions sont très bien dépeintes et j’ai été touchée au plus profond de mon coeur par ce qui a poussé ces gens à voler un bébé, à enterrer un nourrisson. Rien n’est simpliste. Fiona Barton fait et défait avec intelligence l’imbroglio de ce fait divers sordide. Elle en fait un suspense à couper au couteau. Et elle m’a souvent coupé l’herbe sous le pied avec ses révélations choquantes et bouleversantes.
Sans vouloir couper les cheveux en quatre, on y découvre aussi, et avec plaisir, le quotidien d’une journaliste et de son journal. Avec des indics chez les flics et une façon super chouette de soutirer des informations aux personnes de la rue. Mais ce livre traite également des différences intergénérationnelles d’aujourd’hui (ragot des princes tournés en infos sur internet, différence d’approche sur les sujet de société et écarts d’émotions) et parle très bien de la vie dans les années 70 et 80. C’est, encore une fois je sais, j’insiste, je persiste et signe , fait avec intelligence et finesse.
J’en donne ma main à couper que vous aimerez à la folie cette coupure-là.
Avis de Zina : J’avais beaucoup entendu de parler de Fiona Barton, bien que ce soit seulement son deuxième livre, et j’étais très curieuse de la lire. Et je dois dire que je ne suis pas du tout déçue. C’est simple, j’ai juste dévoré La coupure !
Lorsque l’Evening Standard publie un entrefilet sur la découverte des ossements d’un nourrisson lors d’un chantier de construction dans la banlieue de Londres, le quotidien de 2 femmes s’en trouve irrémédiablement bouleversé. Emma, une jeune femme marquée par les épreuves d’un passé qu’elle tente désespérément d’oublier, est terrifiée en apprenant la nouvelle ; Angela, elle, est pleine d’espoir : se peut-il que l’on ait enfin retrouvé son bébé qui lui a été volé à la maternité juste après sa naissance ? Après toutes ces années d’angoisse et de culpabilité, va-t-elle enfin savoir ? Au milieu, Kate, une journaliste persuadée d’avoir trouvé là de quoi faire un excellent papier. Elles sont nos narratrices que l’on suivra tour à tour.
Et chaque point de vue est passionnant. Fiona Barton construit un page turner efficace, entre secrets et drames familiaux. Même si on se doute plus ou moins de certains d’entre eux, tout l’intérêt de l’intrigue est de remonter le fil de l’histoire, de comprendre le pourquoi du comment, et vice versa, de différencier l’affabulation de la vérité, de trouver les liens entre ces lignes de vies brisées. Le récit navigue entre passé et présent, nous dévoilant petit à petit une histoire sombre dans laquelle l’autrice parvient parfaitement à nous impliquer.
Les personnages sont touchants et sympathiques, même Kate que l’on pourrait croire uniquement motivée par l’appât du scoop. Passionnée par son métier, elle a à cœur de mettre au jour la vérité, mais ressent aussi une vraie empathie pour les victimes. Angela et Emma apportent l’émotion, la compassion, voire la colère face à ce qu’elles ont subi. J’ai particulièrement ressenti de la sympathie pour Emma, si seule et si fragile, qui n’avait personne pour la défendre, même pas les personnes qui l’auraient dû en premier lieu.
La coupure m’a captivée au point de continuer à lire en marchant, et j’ai maintenant très envie de lire le premier livre de Fiona Barton, La veuve.
Roman publié aux éditions Fleuve (Fleuve Noir) – Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Séverine Quelet
Lire aussi l’avis de Zofia
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