Washington (D.C.). Leona Wilson veut laver la réputation de son fils, policier noir tué à la suite d’une bavure, et faire graver son nom sur le mur du mémorial de la police de la ville. Elle fait appel à Derek Strange, un ancien flic noir d’une cinquantaine d’années, aujourd’hui détective privé, pour connaître la vérité.
L’affaire, qui a fait l’objet d’une enquête pointilleuse, s’est déroulée une nuit durant laquelle Wilson, qui n’était pas en uniforme, a été surpris par deux collègues alors qu’il braquait son arme sur un homme. Jugeant cette attitude menaçante, l’un des policiers, Terry Quinn, un Blanc, a abattu Wilson. Depuis, il a démissionné de la police pour devenir vendeur de livres et de disques d’occasion.
Pour mener sa contre-enquête, Derek Strange décide de le rencontrer et, convaincu de sa bonne foi, lui propose de l’assister dans ses recherches au cours desquelles les deux hommes vont visiter une partie des bas-fonds de la ville, côtoyer flics ripoux, junkies et exclus du système.
Avis : Derek Strange est détective privé. Il est noir, et fier d’avoir ouvert son bureau de détective, en partie pour montrer aux jeunes du quartier que les hommes noirs peuvent réussir. Par contre, il a du mal à s’engager auprès de Janine Baker : sa secrétaire/lover/mère d’un grand ado. La mère de Chris Wilson l’engage pour redorer le blason de son fils, flic noir tué alors qu’il était en civil, car elle est persuadée que l’enquête n’a pas été correctement menée. Pour cela, il doit interroger, entre autres, Terry Quinn, le flic blanc qui a tué Chris Wilson. Et ensemble, ils vont se rapprocher de la vérité. Car Derek va croire en Terry. Quand, lui même, a du mal.
Cette vérité est moche, sombre, glaçante. Drogue, violence, respect au mauvais endroit. Blanc comme neige est un roman passionnant du début à la fin. Ce sont principalement les personnages si bien décrits qui font le gros du boulot d’accroche. Tous sont complexes, pleins d’humanité. Les femmes sont malheureusement un peu sous représentées. L’enquête est prenante. On descend assez profond dans les bas fonds de Washington DC. La drogue et les incapacités d’expression des émotions des hommes en sont les rouages. C’est une description très intéressante de la masculinité toxique.
Blanc comme neige ne porte pas ce titre par hasard. (Titre VO moins percutant: Right as rain). Il a clairement un agenda antiracial en montrant ce que la société n’arrive pas à éradiquer ou même entretient : la différence et la peur entre couleurs. Et il le fait avec brio.
Dernier nom qui est sorti souvent aux conférences des QDP24, George P. Pelecanos m’a conquise. Ce livre date de 2001, et j’ai très envie de lire la suite des aventures de Derek Strange et Terry Quinn. Et pourquoi pas, de commencer une autre de ses séries, celle du D.C.Quartet peut-être ? Qui connaît et peut m’indiquer ses titres préférés ?
Blanc comme neige de George P. Pelecanos est un roman publié aux éditions Points – Traduit de l’américain par François Lasquin et Lise Dufaux.
