Donbass / Benoît Vitkine

Donbass / Benoît Vitkine

couverture du roman Donbass de Benoît Vitkine

Hiver 2018. Sur la ligne de front du Donbass, la guerre s’est installée depuis quatre ans. Plus grand monde ne se rappelle comment tout a commencé. L’héroïsme et les beaux principes ont depuis longtemps cédé la place à une certaine routine. Mais quand un enfant est assassiné sauvagement, même le colonel Henrik Kavadze, l’impassible chef de la police locale, perd son flegme.
Benoît Vitkine, lauréat du prix Albert-Londres 2019, aborde un angle mort de la géopolitique mondiale : le déchirement d’une région entre la Russie et l’Ukraine, volontairement ignoré et toujours d’actualité.

Avis : Encore une claque dans ma face !!! Benoît Vitkine nous offre avec Donbass un thriller brillant par sa noirceur qui n’est en fait que le reflet de notre humanité, dans toute sa splendide dualité.

Ainsi la mort horriblement mise en scène de Sacha Zoubarov, petit garçon de 6 ans, dans la cour d’immeubles décrépis du vieil-Avdiïvka, en pleine zone de guerre entre les séparatistes pro-Russes Ukrainiens et les Ukrainiens pro-Europe, est un point de départ sanglant mais quelque peu poétique.

Un frêle papillon de nuit aux ailes pâles et fragiles.

Et c’est à Henrik Kavadze, colonel de la police d’Avdiïvka, que revient l’enquête sur ce meurtre. La routine de la police consiste plutôt en des bagarres entre mineurs alcoolisés (qui travaillent à la mine et à la fabrique de Coke, ce charbon amélioré dont les aciéries ont tant besoin !!) ou entre soldats désespérés ET alcoolisés. Et pour l’adjoint de Henrik, le capitaine Igor Balouga, la corruption en recevant des bakchichs de tout le monde. Ce sur quoi Henrik ferme les yeux mais ne participe pas…

Donc cette enquête hautement politique car, qui tuerait un pauvre gosse et surtout de cette façon là, va faire des vagues. C’est par son entremise que Benoît Vitkine nous montre l’humanité de ce coin du monde : perdu, oublié, abandonné « L’état était aux abonnés absents » mais pas par tout le monde (hein les Russes ?) : le Donbass. C’est la dualité qu’il nous donne à lire et à comprendre. La différence entre les sombres desseins de certains et le pouvoir de l’espoir est magnifiquement décrite.

Ne perdons pas de vue que le thriller est aussi diablement efficace en tant que tel. Fausses pistes, politique, économie, personnages troubles ou perdus, suspense et peur sont au rendez-vous.

Et si bien sûr, Donbass revêt une puissance émotionnelle toute particulière en ces temps de guerre (Ukraine, Palestine, Birmanie entre autres), il est à lire quoi qu’il se passe. Autant pour son policier (qui fait ce qu’il peut, sa vérité et son humanité diablement bien décrite) que pour d’autres personnages très attachants, mais aussi pour l’expression d’une humanité vraie.

Donbass de Benoît Vitkine est un roman publié aux éditions Le livre de poche

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