— Le dolmen dont tu m’as parlé, Johan, il est bien sur la route du petit pont ?
— À deux kilomètres après le petit pont, ne te trompe pas. Sur ta gauche, tu ne peux pas le manquer. Il est splendide, toutes ses pierres sont encore debout.
— Ça date de quand, un dolmen ?
— Environ quatre mille ans.
— Donc des pierres pénétrées par les siècles. C’est parfait pour moi.
— Mais parfait pour quoi ?
— Et cela servait à quoi, ces dolmens ? demanda Adamsberg sans répondre.
— Ce sont des monuments funéraires. Des tombes, si tu préfères, faites de pierres dressées recouvertes par de grandes dalles. J’espère que cela ne te gêne pas.
— En rien. C’est là que je vais aller m’allonger, en hauteur sur la dalle, sous le soleil.
— Et qu’est-ce que tu vas foutre là-dessus ?
— Je ne sais pas, Johan.
Avis : Encore du grand et beau Fred Vargas ! Si ma passion pour ses romans n’est plus un secret, je ne pouvais pas ne pas vous parler de son petit dernier. Encore une fois, pourquoi ce titre de Sur la dalle, pourquoi cette photo, pourquoi ce résumé, seule une lecture poussée du roman pourra vous le dire.
Alambiquée, l’intrigue l’est tout autant que son héros, l’indéboulonnable commissaire Adamsberg. Cependant, ici, l’intrigue, qui d’habitude prend son temps, débute sur les chapeaux de roues dès les premières pages. On est projeté en Bretagne, dans une petite bourgade, Louviec, comme on sait les faire avec son lot de ragots, d’histoires passées aux rancunes tenaces et de légendes bien ancrées dans la vie et la tête des habitants. On fait la connaissance d’un flot de personnages attachants bien que loups de mer. Fred Vargas a d’ailleurs sorti l’artillerie lourde (un peu trop ?!) à coup de clichés bretons entre le dolmen, le chouchen, les crêpes et compagnies. Ajoutez à cela une référence à un écrivain français connu, c’est-à-dire Chateaubriand avec un personnage lointain descendant et à la ressemblance physique troublante. Et pour perturber le tout, ajoutez-y une série de meurtres que seule relie la présence de piqûres de puces et un oeuf fécondé écrasé dans la main de la victime.
Dès les premiers instants, tout semble incriminer l’héritier de Chateaubriand. Adamsberg ne tombe pas dans le panneau. Adepte de Fred Vargas, on sait que le responsable est dans les parages du commissaire, alors on scrute, on analyse les moindres indices que l’on pense qu’elle nous laisse. Les victimes s’enchaînent, sous le nez directement du commissaire et de son équipe qui se sont réfugiés dans une auberge, gavés par les bons petits plats de Johan. Alors, quand une bande de mercenaires sans foi ni loi se mêle à l’histoire du tueur de Louviec, on perd de vue l’intrigue principale. On se laisser emmener dans une folle course contre la montre car on sait, qu’au final, tout finira par être lié.
Sur la dalle est un thriller efficace, qu’on n’arrive plus à lâcher. Fred Vargas avec brio, encore !
Sur la dalle de Fred Vargas est un roman publié aux éditions Flammarion