Venus Ascendant, tome 1
Vénus. Seconde planète du Système solaire. Des conditions de vie effroyables. En surface, une pression équivalente à une plongée à 900 mètres sous le niveau de la mer et une température infernale de 462° Celsius. En altitude : une atmosphère composée en grande partie de nuages d’acide sulfurique qui ronge tout. Une seule erreur et vous êtes mort. Cent familles sont arrivées du Québec afin de coloniser Vénus, où elles luttent au quotidien pour gagner leur vie. L’une d’elles vit en marge : les d’Aquilon. Ils travaillent dans les profondeurs de Vénus où ils viennent de faire la plus grande découverte de l’histoire de l’humanité. Pourront-ils la garder ou devront-ils la céder aux banques qui ont rendu possible la colonisation de la planète ?
Avis : Derek Künsken, c’est le « papa » du Magicien quantique et du Jardin quantique, que j’avais adoré dévorer précédemment. Je ne pouvais donc que sauter sur Les profondeurs de Vénus, d’autant plus qu’il se passe dans le même univers. Je vous rassure, si vous n’avez pas lu le cycle de l’Évolution quantique ce n’est pas un problème, car ce nouveau titre se déroule bien avant les aventures de Belisarius Arjona.
Ici, nous suivons les d’Aquilon, une famille de colons qui a immigré sur Vénus, avec une poignée d’autres Québécois. La vie sur Vénus est âpre, rude et souvent cruelle. Elle ne pardonne ni les erreurs ni l’inconséquence. Et c’est particulièrement vrai pour les d’Aquilon qui ont choisi de se couper du pouvoir en place. Oh, ils avaient une bonne raison pour cela : le gouvernement a jugé que dans un environnement aux ressources limités, leur bébé à naître, détecté comme trisomique, n’avait pas sa place. Vous imaginez bien qu’ils n’étaient pas d’accord ! 20 ans plus tard, leur famille s’est agrandie mais a aussi connu des pertes. C’est dans cet environnement que l’un de ses membres fait une découverte extraordinaire, que les d’Aquilon n’ont pas l’intention de partager avec un gouvernement qui les a rejetés.
Ils allaient tenter de voir la véritable âme de Vénus. Mille choses pouvaient mal tourner. Mais la réussite leur ouvrirait peut-être le chemin des étoiles.
Pour sa mission d’exploration, Derek Künsken ne s’est pas facilité la tâche. Celle qu’on appelle la « planète jumelle » de la Terre, n’a pourtant que peu de points communs avec celle-ci et c’est un véritable territoire hostile que les colons doivent affronter. Abandonnez l’idée de respirer à pleins poumons l’air « pur », la pollution c’est de la gnognote comparée à l’air de Vénus qui, littéralement, vous tuera. Tant que vous y êtes, abandonnez aussi celle de fouler le sol pour une petite promenade revigorante, il vous faudra rester dans les nuages à combattre les pluies d’acide sulfurique ! C’est un univers soigné, minutieux et totalement dépaysant que l’auteur met en place. C’est une vie faite de risques et de tensions permanents. C’est immersif et terrifiant.
Dans ce décor, c’est aussi une intrigue au volet politique que Derek Künsken tisse. Car défier le gouvernement ne sera pas aussi facile que la première fois. Fort de sa puissance, de son équipement, de ses nombreux partisans, et avec l’épée de Damoclès que les banques font peser sur lui, la présidente à sa tête est bien décidée à ne pas se laisser faire par une famille rebelle qui a toujours été une épine dans sa hanche.
Mais Les profondeurs de Vénus est aussi un roman sur la famille. Les d’Aquilon n’ont jamais eu la vie facile, et cela a laissé des marques sur chacun de ses membres. Mené d’une main de fer par un père intransigeant, tous tentent de trouver leur place, en son sein, ou au contraire en s’en éloignant. Leurs cicatrices sont autant physiques qu’intérieures, et l’aventure qu’ils s’apprêtent à vivre va encore les mettre à rude épreuve. Ce sont des personnages forts, auxquels on s’attache facilement (bon, peut-être sauf le père 😉) et dont les tourments m’ont touchée. Je me suis particulièrement sentie émue à la lecture de certains passages concernant Pascal, le benjamin des enfants.
En bref, Les profondeurs de Vénus est un roman riche, passionnant, aux préoccupations modernes et très facile à lire (bien plus accessible que le cycle précédent, promis). Jetez-vous dessus !
Vue de loin, Vénus est belle et brillante. Vue de l’espace. De la Terre. De Mars. Mais elle ne veut pas qu’on la touche. Elle se sait laide, alors elle nous repousse avec de la chaleur et de l’acide, parce que quand on finit par arriver à tout traverser, on découvre qu’elle n’est pas ce qu’on pensait. Elle est affreuse et elle ne veut pas avoir l’impression qu’on est coincés avec elle.
Les profondeurs de Vénus de Derek Künsken est un roman publié aux éditions Albin Michel (Imaginaire) – Traduit de l’anglais (Canada) par Gilles Goullet