Steven Harding est un séduisant professeur promis à un brillant avenir. C’est aussi un don Juan avec un penchant pour les très jeunes femmes. Quand, malgré sa prédilection pour les aventures sans lendemain, il entame une relation avec Ellie, il se dit qu’elle pourrait enfin être « celle qui reste ». Belle, intelligente, sexy, l’étudiante le touche par sa fragilité. Et lorsqu’elle organise un week-end en amoureux dans une maison de rêve isolée, Steven est comblé.
Une tempête de neige plus tard, leur tête-à-tête passionné prend une tournure inattendue et se transforme en un funeste jeu du chat et de la souris. Mais qui est le chasseur, et qui est la proie ?
Avis : Dans Rien que nous deux, rien n’est ce que l’on croit ! Ellie et Steven sont en couple depuis 6 mois quand ils partent pour un long week-end ensemble dans une maison très reculée, entre forêt et océan. En alternance de leurs points de vue, on va en apprendre plus sur leur passé et sur leurs émotions et sentiments présents.
Car Steven, un professeur, la quarantaine, aim(ait) les très jeunes filles. Même si, ce coup-ci, Ellie, 23 ans, pourrait être « celle qui reste ». Et l’on sait par des chapitres intercalés avec des dates, ce que quelqu’un d’autre pense et ressent. De ce que Steven lui a fait : la séduire, alors qu’elle n’avait que 16 ans puis l’abandonner… mais qui est cette jeune fille ? Celle au blouson rose qu’Ellie aperçoit dans le rétro en partant ? Ellie, elle-même quand elle était plus jeune ? Une personne qui va se venger lors de ce week-end en amoureux ? Tout est ouvert et fait froid dans le dos.
Car le génie de Laure Van Rensburg est dans l’agencement du livre. On commence par la fin, avec un enquêteur qui découvre la scène d’horreur de la maison, mais évidemment celle-ci n’est pas totalement dévoilée aux lectrices et lecteurs… Puis on revient petit à petit sur le passé de Steven, avec notamment son père, Stewart Harding pervers narcissique en puissance. Et enfin, sur celui d’Ellie, avec cet homme mystérieux aux cheveux longs que Steven a vu deux fois roder autour d’elle… Enfin, on plonge dans l’horreur et la violence de ce week-end et le suspense prend fin avec juste quelques pages mais qui sont bluffantes…
Je disais que rien n’est ce que l’on pense dans ce roman, car il aborde le consentement, le patriarcat et les élites intellectuelles des États-Unis (mais pourrait facilement se transposer dans n’importe quel autre pays… ). Le consentement vu par Steven n’est pas celui vu par la loi depuis peu et pourtant de nombreux intellectuels (et autres !!!) font encore valoir leur droit de « déniaiser » … Comme dans Familia Grande de Camille Kouchner, tout ceci découle du patriarcat et du genre (une jeune fille est une pauvre petite chose à protéger et à éduquer) et du fait que les élites (que ce soit avec leurs paroles ou leurs richesses) abusent de leur pouvoirs…
Rien que nous deux est magistral autant pour le suspense que sur le fond. Et c’est un page-turner endiablé et profond. Une autrice à suivre de près donc.
Roman publié aux éditions Presses de la cité – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Valérie Malfoy