Iris Woodmore Mysteries, tome 1
Londres, 1920. Pour la première fois, deux femmes s’affrontent pour devenir députée. À cette occasion, la journaliste stagiaire Iris Woodmore revient dans le quartier de la Chambre de la Communes – un lieu douloureux pour elle.
Six ans plus tôt, sa mère y est morte en se noyant dans la Tamise en marge d’une manifestation de suffragettes. Non loin de Big Ben, un homme révèle à Iris que sa mère n’est pas tombée par accident – elle a sauté.
Bien décidée à découvrir la vérité, Iris mène l’enquête. Tous les indices semblent converger vers Crookham Hall, la majestueuse demeure de Lady Timpson… l’une des candidates à l’élection. Une honorable façade, qui semble cacher bien des secrets.
Avis : J’ai beaucoup aimé l’enquête journalistique que mène Iris Woodmore dans Les ombres de Big Ben. Elle qui, il y a 6 ans, a perdu sa mère, une suffragette (un peu différente des suffragistes, les suffragettes ont radicalisé la lutte pour le droit de vote des femmes) dans des circonstances que remet en cause un inconnu, va tout faire pour découvrir la vérité sur cette affaire. Alors même que deux femmes sont en lice dans son district pour l’élection au poste de député, et qu’elle en soutien une, Mme Siddons. C’est une ancienne amie de sa mère, qui a soutenu sa famille. Et ça tombe bien, tous les indices pointent dans la direction de l’autre candidate, Lady Timpson. Lorsqu’en plus, une disparition et un meurtre arrivent, le doute n’est plus permis, son enquête est de la plus haute importance. Mais sa complexité et l’émotion qui la tient, ne la rendent que plus difficile.
Certains décrivent Les ombres de Big Ben comme un cosy mystery, mais je ne suis pas d’accord. Pour moi, c’est un roman policier historique. Certes Iris flirte doucettement et peut-être vue comme une amatrice, mais je trouve que Michelle Salter met surtout l’accent sur le côté historique et la société de l’époque, et moins sur l’amateurisme et la vie amoureuse d’Iris.
Le rythme est assez lent et l’écriture est plaisante et humoristique, mais ne doit pas faire oublier l’horreur de ce que va dévoiler Iris. Car la société britannique du début du 20e siècle est gangrénée par les luttes de pouvoir, le sexisme et la violence envers les plus faibles, femmes et enfants en tête mais aussi lutte des classes où un homme de classe inférieure sera facilement mis de côté par d’autres de classe supérieure.
Et c’est aussi pourquoi, je réfute un peu le thème de cosy mystery, car celles et ceux qui le liraient avec cette idée en tête, seraient peut-être choqués… Michelle Salter ne cachant rien de ce qu’un homme malsain ou des familles croyantes peuvent faire subir à leurs proches. Si elle utilise aussi l’humour et ne tombe pas non plus dans le roman noir glauque, gore et vil, Les ombres de Big Ben n’est pas non plus une vengeance entre pâtissières amatrices du nouveau retraité du quartier ! à bon entendeur …
Pour finir d’enfoncer le clou sur le côté historique, n’oublions pas que ces personnages de femmes imaginaires, côtoient grâce à l’autrice, Emmeline Pankhurst, une suffragiste et femme politique remarquable et réelle, elle, qui par son action a changé le monde. Et tout au long de ce roman passionnant dans l’enquête, mais aussi dans la vision d’une époque pas si lointaine, on plonge dans ce monde où la coupe de cheveux courte d’une femme ou son port de pantalon étaient un manquement à l’étiquette…
Cette enquête fut un réel plaisir à lire et j’ai vraiment, mais vraiment hâte de lire la suite. Pour en apprendre plus sur les mœurs de cette Angleterre bon teint, et la grande Histoire au travers de la petite, et aussi pour continuer de voir ces femmes féministes et engagées. Mais aussi car on reste sur un cliffhanger… amoureux/gentillet de ouf !!! 😜
Roman publié aux éditions de l’Archipel (Suspense) – Traduit de l’anglais par Maryline Beury