En 1972, Frank M. Robinson imagine un monde où la passion automobile l’emporte sur le besoin de respirer.
Avis : Vent d’est, vent d’ouest qui vient d’être réédité chez Dyschroniques, la collection de titres du passé qui parle de notre présent, est une nouvelle écrite en 1972. Et c’est encore une fois un thème d’actualité dont il est question puisqu’on y parle de pollution atmosphérique, une pollution qui aurait atteint des taux atmosphériques.
La journée ne promettait pas d’être mauvaise, comme d’habitude ; elle s’annonçait pire. La couche de condensation qui s’était installée au-dessus de la ville quatre jours plus tôt faisait comme un couvercle sur une bouilloire. L’air nous mijotait un véritable Donora, évoluant vers une soupe chimique si infecte que je n’aurais jamais cru cela possible si je n’avais pas essayé de respirer cette saloperie.
Jim est enquêteur d’Air Central, l’organisme de contrôle de la qualité de l’air, dont le rôle est de s’assurer que tout le monde respecte la loi, mais aussi d’arrêter toutes les machines lorsque l’indice de pollution dépasse le seuil critique. Bien sûr, ça c’est la théorie ; c’est sans compter les lobbys de l’industrie qui, et comme de tout temps, ont le dernier mot… Mais cela n’est pas du ressort de Jim. Lui, son boulot, c’est d’arrêter les contrevenants. Et justement, on a repéré un moteur à combustion interne en activité ! Le fait de posséder une voiture à essence, pire, de la faire fonctionner, est un crime passible de la peine capitale.
Les enquêtes policières, ce n’est pas trop le fort de Frank M. Robinson, ne vous attendez donc pas à une enquête haletante. En revanche, là où il est doué, c’est pour imaginer le futur. On ressent l’humidité huileuse se déposer sur notre peau, on éprouve le besoin soudain pressent d’ouvrir la fenêtre pour respirer une bouffée d’air frais. Il n’y a pas d’espoir dans ces lignes. L’auteur a totalement pris la mesure de l’avenir qui nous attendait à une époque où l’on commençait seulement à s’intéresser à notre impact sur l’environnement.
La synchronique du texte, qui termine le volume, est comme toujours édifiante sur le contexte politique et social de l’époque. Elle rappelle les premières prises de conscience et les premiers textes de lois. Pour ce que ça a changé…
Vent d’est, vent d’ouest est une nouvelle publiée aux éditions Le passager clandestin (Dyschroniques) – Traduit de l’américain par Jean-Marie Desseaux