De l’avis de tous, Seiji Hasumi est le professeur le plus charmant, le plus séduisant, le plus charismatique du lycée Shinkô Gakuin de Machida. Adulé de ses élèves, admiré de ses collègues, apprécié de sa direction, le jeune homme est fin, drôle, toujours prêt à voler au secours des uns, à aider les autres, à combattre les injustices et le harcèlement, à dénouer les conflits.
Hasumi est tout cela et pire encore. Hasumi est un psychopathe. Manipulateur, calculateur, pervers, prêt à tout pour prendre le contrôle et asseoir son pouvoir. Un être violent, qui n’hésite pas à éliminer quiconque se met en travers de sa route.
Trois élèves l’ont percé à jour. Commence alors une traque terrifiante, aux conséquences inimaginables…
Avis : La leçon du mal est plus que perturbant. Tous ces professeurs ou personnel éducatif qui ne font pas bien leur travail. Et qui en plus violentent, harcèlent physiquement, psychologiquement ou sexuellement et entretiennent des relations sexuelles avec leurs élèves sont à vomir. Et cela ne va pas en s’arrangeant malgré les croyances des élèves, du corps directorial ou des autres professeurs, quand arrive Seiji Hasumi. Il n’est pas le messie tant attendu, mais bien le loup dans la bergerie.
Son intelligence et son manque cruel d’empathie lui font voir la vie comme une partie d’échecs, où celui qui a le pouvoir domine littéralement les autres. Et donc, où les problèmes que lui posent les autres sont plus vite résolus par leur « disparition » de sa vie, que par la diplomatie ou le compromis.
La beauté de La leçon du mal tient dans l’approche de Yûsuke Kishi qui commence par nous montrer un Hasumi attentionné et voulant protéger ses élèves. Il nous fait ensuite découvrir qu’en réalité, il cherche à tout savoir sur eux, ainsi que sur ses collègues et sa hiérarchie, pour avoir des « arguments » contre eux. C’est un manipulateur sans foi ni loi. Et ce que l’on pressent, puis apprend au fil des pages sur son enfance, puis sur son adolescence et sa vie de jeune adulte glace le sang. Mais c’est le final en bain de sang qui emporte le tout à un niveau plus que cauchemardesque. Surtout que cela pourrait bien n’être que le début de la leçon…
Si je ne venais pas de lire Bullet train, j’aurai encore plus apprécié cette leçon du mal. Car il y est dit la même chose : avec de d’intelligence, zéro empathie et en connaissant la psychologie, on peut manipuler et faire faire à peu près tout ce que l’on souhaite aux autres. Hasumi est un maitre, là où le collégien de Bullet train n’est qu’un apprenti au début de sa « carrière ». La leçon du mal ne m’a pas surprise sur le fond mais plutôt donc sur la forme. La manière dont Yûsuke Kishi fait monter le tension et l’horreur est un petit bijou ciselé d’écriture. Souvenirs glaçants de Hasumi, mêlés d’humour noir qui débouchent parfois sur des scènes de sexe ou de violence inouïe. Mais ce qui est bluffant, c’est de voir les rouages du lycée Shinkô Gakuin de Machida. Les pressions du directoire, les maitres chanteurs, ceux qui ont de la famille haut placée, les déviants qui ont atterri dans ce lycée peu prestigieux et que personne ne peut se permettre de virer, ceux qui n’ont jamais fait ce métier par plaisir mais par dépit… Bref, il n’y a pas beaucoup de personnes saines et valables dans cet établissement. Mais ce n’est pas que le système éducatif qui est visé. Les parents ne valent souvent pas mieux. La police n’est pas géniale et les ados ne sont pas tous roses non plus. La critique par cet auteur de la société nippone ne prend pas de gants.
Lire La leçon du mal c’est donc sanglant et déviant, comme un Tarantino ou le film coréen, Le parasite. Avec une petite touche de voyeurisme du lecteur qui est très perturbante mais tellement fun ! Amateur d’hémoglobine, ce livre sera ta bible !!!!
Roman publié aux éditions Belfond – Traduit du japonais par Diane Durocher
L’avis de Marinette
