Aurel le Consul, Tome 4
L’Europe compte cinq micro-États : Andorre, San Marino, le Liechtenstein, Monaco et le Vatican. J’en ai découvert un sixième, la Principauté de Starkenbach, en suivant la nouvelle enquête d’Aurel Timescu. En effet, sur la recommandation d’un de ses anciens ambassadeurs, notre calamiteux petit Consul de France se retrouve embarqué dans les sulfureuses affaires de ce minuscule territoire.
La Principauté de Starkenbach, nichée au cœur des Alpes, est un beau pays. Vous risquez cependant de chercher en vain le moyen de vous y rendre autrement qu’en lisant ce livre.
Ayant eu le privilège de fréquenter certaines cours princières, je n’y ai rencontré que des personnes d’une haute valeur morale, dévouées à leurs peuples. Aussi, quand il m’a fallu peindre la débauche, les trafics et le crime, c’est ailleurs que je suis allé les chercher.
Ailleurs, c’est-à-dire en moi-même, bien sûr.
Avis : Rien que pour la quatrième de couverture, La princesse au petit moi vaut le détour ! Jean-Christophe Ruffin n’a rien perdu de ses capacités ni dans la diplomatie, ni dans l’imaginaire, ni dans le rythme si particulier de ses textes.
Son personnage de petit consul de France, Aurel Timescu, se retrouve à Paris entre deux affectations « pourries ». Il est alors approché par la principauté de Starkenback pour retrouver leur princesse, Hilda, qui a disparue. Aurel a été conseillé au Prince de Starkenback par Jocelyn de Neuville, un ambassadeur avec lequel il a déjà travaillé. Normalement les ambassadeurs qui ont travaillé avec lui le détestent. C’est le seul bémol de ce roman, pourquoi un ancien « ennemi » ferait-il une fleur à Aurel ? Car il est accueilli en sauveur, tous frais payés et sans risque notable professionnellement, puisque cela est secret : personne ne doit savoir que la princesse manque à l’appel. Dans quelques jours, une fête doit avoir lieu et elle doit y être, coûte que coûte. Il va donc vivre dans des endroits paradisiaques où (presque !) tous les employés sont à ses ordres.
Notre petit consul va donc devoir enquêter secrètement mais avec des pianos et du Tokay à profusion. C’est tout ce qui lui est nécessaire pour entrer en transe et trouver des réponses. Et cette enquête va le mener du micro-état à la Corse puis à Paris. Avec toute l’aide du Prince Rupert puis de son aide de camp, le colonel Frühling ou de la collaboratrice personnelle de la Princesse, Shaina. Va-t-il aussi connaître la passion pour une femme comme cela se passe dans d’autres enquêtes ?
Le décor est posé mais qui croire ? Comment savoir où, pourquoi, comment la Princesse s’est volatilisée ? Tout le monde semble savoir des choses, mais comment les faire parler ?
Le talent ultime d’Aurel, c’est d’être tellement hors propos (pas le bon accent, pas la bonne tête, loin d’avoir les bons vêtements et toujours un peu saoul) que les gens ne font pas attention à lui ou lui prêtent des talents incroyables d’enquêteur. C’est assez drôle, souvent loufoque et jamais facile.
La princesse au petit moi m’a embarqué dans l’univers des coulisses du pouvoir, mais aussi et c’est la grande réussite de ce petit polar, dans la psychologie des différents personnages mais avec beaucoup de recul et une bonne dose de loufoquerie. Cela n’est pas donné à qui veut, de décrypter le fond des âmes, masculines et féminines, comme le fait Jean-Christophe Rufin.
J’avais lu et aimé, le 1er polar avec Aurel de Jean Christophe Ruffin, Le suspendu de Conakry. J’ai un peu moins apprécié le 2ème, Les trois femmes du consul et carrément zappé qu’il y avait eu un 3ème, Le flambeur de la caspienne… le plaisir de la lecture de ce 4ème opus m’a donné envie de lire le 3ème. Vite, que je me rattrape !
Et pour ceux qui aiment le « Rufin » non policier mais plutôt historique, sachez que La princesse au petit moi devrait vous réconcilier avec l’auteur de polar (qu’il a eu tant de mal à imposer à ses éditeurs). Et enfin que l’on peut très bien lire les Aurel dans le désordre.
Bonne découverte !
Roman publié aux éditions Flammarion
L’avis de Alex