Il y a des soupirs, des souvenirs et des sourires. Il y a ces jours sans fin et ces nuits sans chaleur. Cette sensation d’être sale, d’être rien, moins que rien. Ces dangers qu’on n’a pas vus venir, ces risques qu’on n’a pas osé prendre. Ces tentations auxquelles on n’a pas eu la force de résister. Il y a ces mauvais héritages, ces mauvais choix, mauvaises pentes, mauvais départs. Il y a ce manque de chance.
Il y a cette colère, ce dégoût. Il y a… Des fois où on préférerait être mort.
Avis : J’aime beaucoup Karine Giébel et j’ai lu plusieurs de ses romans. Je sais que sa plume est noire et je n’aurais donc pas dû être surprise par le ton donné à Chambres noires. Et surprise n’est d’ailleurs pas le bon terme, mais j’ai été éprouvée à la lecture de ses nouvelles. J’ai eu beaucoup de difficultés à aller jusqu’au bout du recueil, j’ai dû le picorer entre 2 lectures moins noires (et de préférence au soleil !), tant je me sentais oppressée.
Karine Giébel nous fait ici le récit de la misère humaine. 8 textes incisifs pour parler de vengeance, d’injustice, de précarité, d’enfermement, de Covid-19, de violences faites aux femmes, du poids des traditions religieuses, de guerre, de solitude… C’est noir, dur. C’est bouleversant. Quelques pages pour envoyer le lecteur à terre. Direct, efficace. Karine Giébel prouve avec Chambres noires qu’elle a une âme de boxeuse.
Je pense que j’aurais eu moins de difficultés avec un roman, qui aurait pris de l’ampleur petit à petit, et dont l’intrigue m’aurait vraisemblablement tenue en haleine. Ce format de nouvelles, c’était un plongeon dans l’horreur qui se répète encore et encore.
Recueil publié aux éditions Belfond (Noir)
À noter que 4 des nouvelles sont déjà parues dans les recueils Treize à table et Des mots par la fenêtre.