Délicieuses pourritures / Joyce Carol Oates

Couverture de Délicieuses pourritures de Joyce Carol Oates

Un campus féminin, dans la Nouvelle-Angleterre des années 1970. Gillian Bauer, vingt ans, brillante étudiante de troisième année, tombe amoureuse de son charismatique professeur de littérature, Andre Harrow.
Celui-ci a décidé de faire écrire à ses élèves, et partager en classe, leur journal intime. Et gloire à celle qui offrira son intimité en pâture ! Anorexie, pyromanie, comportements suicidaires… un drame se noue. En son centre, l’épouse du professeur, énigmatique sculptrice qui collectionne la laideur.

Avis : Ce roman, court comme une nouvelle, est un petit bijou de turpitudes dans le monde d’une université américaine de la Nouvelle Angleterre.

On y écoute Gillian Bauer, une femme qui, en 2001, se sent tout à coup très mal devant un totem d’Océanie au Louvre, et va se remémorer pourquoi. Elle remonte donc dans ses souvenirs jusqu’en 1975 et 1976, quand elle était étudiante en littérature dans le Massachusetts. Et l’on va comprendre, petit à petit, dans un récit déconstruit à dessein ce qui s’est réellement passé… Ou pas ?

Entre folie, découverte de soi, et de l’autre, à l’âge où tout se joue, où la cristallisation des désirs est forte, que s’est-il donc passé ? Quel rôle a joué André Harrow ? Et sa femme, Dorcas la sculptrice, que vient-elle faire là-dedans ?

J’avais beaucoup aimé Hudson River de la même autrice. Ces Délicieuses Pourritures là, sont beaucoup plus faciles à lire mais pourtant beaucoup plus glauques aussi. Si ces deux livres ont en commun un milieu intellectuel américain et des personnages haut en couleurs, le traitement du bien et du mal n’en est pas tout à fait le même.

Ici, on a en plus un suspense intense. Car l’on ne sait même pas s’il s’est passé quelque chose, sans parler de quoi… Joyce Carol Oates nous fait remonter dans le temps et les sentiments de son héroïne. Puis, elle nous fait ressentir ce que c’est que d’avoir le béguin et de se sentir un peu à l’extérieur des événements lorsque l’on se découvre.

Délicieuses pourritures est un magnifique roman, d’une poésie trouble et aux personnages ambiguës à souhaits. Je ne vous en dis pas plus que cette phrase souvent répétée, au sujet de l’écriture :

Frappez au point le plus faible. Cherchez la jugulaire.

Mais j’espère bien que cela vous mettra l’eau à la bouche…

Roman publié aux éditions J’ai lu – Traduit de l’anglais (États Unis) par Claude Seban

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