Quelques gouttes de sang sur le bureau du maire / Robert Huertas

Couverture de Quelques gouttes de sang sur le bureau du maire de Hubert HuertasRèglements de comptes à l’heure des municipales. Septembre 2019. On porte en terre Dominique Acquaviva, le patron de la puissante Provençale d’Assainissement, société qui gère les ordures ménagères de la ville. Tous sont présents aux obsèques : le maire sortant Louis Bérisha et son épouse ; l’ancien maire, Gaston Cazenave, battu dans des conditions troubles dix ans plus tôt ; le reporter du quotidien régional, Alex Carbonier, qui a laissé entendre que ce décès n’était pas sans rappeler « les événements de 2008 » ; ainsi que la jeune commissaire Naïma Zidani, nouvellement nommée. La mort d’Acquaviva attise toutes les rumeurs… qui prennent plus d’ampleur encore quand l’un des adjoints est retrouvé mort dans sa voiture, empoisonné.
Alors que débute la campagne municipale pour 2020, d’autres proches du maire, dont de nouveaux candidats, décèdent les uns après les autres. Les « événements de 2008 » pourraient-ils expliquer cette hécatombe politique ?

Avis : Quelques gouttes de sang sur le bureau du maire est un roman plus que d’actualité en vue des élections municipales dont le 1er tour débute ce dimanche. Une plongée au coeur des méandres municipaux. De la campagne municipale à la vie en mairie, toutes les étapes sont abordées, sur fond de scandales bien sûr ! Mêler la politique au genre du policier/thriller, trop facile dira-t-on ! Hubert Huertas aborde avec une plume froide, incisive les complots, compromis et autres magouilles qui officient malheureusement dans certains municipalités de notre pays. On y découvre un meurtre froid aux conséquences désastreuses pour les habitants d’une grande métropole du sud. On identifie facilement cette ville imaginaire à nos villes méditerranéenne actuelles, tant les descriptions et les détails sont troublants de similitudes.

Quelques gouttes de sang sur le bureau du maire commence par la fin : les obsèques de Dominique Acquaviva, figure locale, appréciée ou détestée, mais dont la mort a chamboulé un équilibre bien établi en 2008. Ses amis et ses ennemis se pressent aux côtés de son cercueil, glanant ci et là la moindre information susceptible de les faire avancer dans l’aventure municipale. Cette mise en bouche est l’occasion de dresser un portrait rapide, mais efficace, des protagonistes. On y rencontre, notamment, Naïma Zidani, commissaire, qui va devoir démêler le vrai du faux pour arriver à la vérité, mais aussi Alex Carbonnier, journaliste toujours là où il faut mais un poil collant tout de même. Un duo que tout oppose, qui n’a rien de surprenant dans la littérature,  mais qui fonctionne si bien !

On les retrouve dans la 2ème partie, 11 ans plus tard, en 2019, avec de nouveaux remous dans le domaine municipal. Le tableau est sombre : sur fond de meurtre, menaces, coups bas, règlement de compte, vengeance, petits arrangements et conflits d’intérêt cohabitent. De nouveaux décès, qui font écho à celui de 2008. Naïma et Alex avancent sur des sables mouvants permanents, où rien n’est acquis, où ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera peut être pas le lendemain. Rajoutez à cela le monde de la mafia et le mélange est détonnant. En tant que lecteur, on est vite dérouté : bien que l’actualité regorge de faits divers municipaux révélant au grand jour des hommes prêts à tout pour le pouvoir, on est interloqué par le manque d’éthique qui sévit dans ce monde sans vergogne. Et tout cela avec, comme point de départ, une histoire de ramassage de poubelles. Là aussi, ça vous rappel un fait divers ?

Quelques gouttes de sang sur le bureau du maire est un policier d’actualité qui sort des cadres classiques en reprenant des faits divers malheureusement trop courants.

Roman publié aux éditions de L’Archipel.

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