À Fresnes où il fait un séjour pour vol avec ruse, François partage sa cellule avec Medhi, un cador du grand banditisme. Ce Medhi, c’est du méga lourd. D’ailleurs, il ignore superbement François qui, de son côté, joue les serviteurs zélés. Mais au fil des semaines, les intentions de François vont se révéler…
Avis : Nan Aurousseau manie bien sa barque (petit clin d’œil à la fin de son livre). Il fait parler le personnage de François, comme s’il nous parlait directement, avec ses expressions de loseur au début puis de manipulateur de haut vol ensuite. Des coccinelles dans des noyaux de cerise, c’est un peu « usual suspects ». L’histoire est très bien menée, avec plusieurs niveaux de manipulations.
Premièrement, François manipule Medhi, le cador du grand banditisme dont il partage, un temps, la cellule en prison. Il le laisse croire que c’est lui qui mène François à la baguette alors que celui-ci tisse sa toile autour de lui. Mais là où l’auteur est expert, c’est qu’il nous fait douter de la vraie arnaque commise…
Ensuite, François manipule le vieux, son autre coloc’ de prison. Lorsque François sort de prison, il crèche chez lui. Il y rencontre la fille du vieux, Muriel. Et il va aussi finir par la balader.
Bien sûr, François manipule également un flic qui enquête sur son passé. Ces chapitres sont d’ailleurs truculents.
– Si on peut dire, ça dépend ce qu’on appelle ailleurs. On a retrouvé la chaise justement, mais elle était pas dessus.
– Elle est peut être passée par Lourdes, j’ai dit pour détendre l’atmosphère, mais il a pas suivi, il est resté sérieux. »
François lave surtout le cerveau de sa compagne qu’il appelle « amoureusement » la Grosse. Il réussit à la programmer pour qu’elle réussisse à le vendre. Car il doit à tout prix bien cacher le gros coup qu’il prépare sous un autre prétexte. Et il arnaque aussi Dédé et Nelly, deux taulards homosexuels, en vivant dans leur caravane.
Et enfin, François se fout bien de notre gueule de lecteur. Il nous fait larmoyer avec sa naissance d’une mère en mort cérébrale (véridique), il nous fait sourire de ses petits pépins avec les femmes et nous attendrit avec ses sculptures de coccinelles dans des noyaux de cerise. Alors que le parcours de François se précise et devient de plus en plus glauque, on en prend plein la vue. Des meurtres, des arnaques et des viols. On a affaire à des louvoiements dignes de contorsionnistes fous et à une violence époustouflante.
Des coccinelles dans des noyaux de cerise est une belle analogie pour expliquer ce livre qui déploie des trésors d’ingéniosité pour nous révéler la boue immonde qui peuple la vie de François.
Je valide ce petit roman noir, qui n’est petit que par l’épaisseur de sa tranche.
Roman publié aux éditions Folio (Policier)
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