Gaëlle a choisi d’être femme, Flo hésite encore. Matt, lui, sait que dans trois mois, il deviendra un homme. Dans cette société, tous les enfants naissent hermaphrodites. À seize ans, les adolescents doivent choisir leur sexe. Tous, sauf ceux atteints d’une déficience qui les condamne à un autre destin. On les appelle les Porteurs. Matt découvre qu’il est l’un de ceux-là. Mais que cache vraiment la déficience des Porteurs ? Pourquoi l’État les tient-ils sous haute surveillance ?
Avis : Avec Les Porteurs, je souhaitais faire une petite pause dans mes lectures adultes (souvent très noires) et fortes de ces derniers temps. Et bien, cela n’a pas été le cas. Ce young adult est vraiment bon, mais sans le côté très noir et violent ! Il pose de vraies questions (sur le genre, la santé, l’écologie…) et à un rythme effréné qui m’a beaucoup plu.
Le thème du genre est très porteur (haha) en ce moment et cela fait du bien de le voir traité d’une autre façon, dans une dystopie qui force les gens à ne devenir genré qu’à l’âge de 16 ans. Cela entraîne des questionnements sur ce qu’est le genre et les notions ou valeurs que l’on y associe dans notre société actuelle. Les pré seza ont les deux sexes, mais ne présentent pas de caractéristiques homme/femme.
Le gouvernement a mis en place un cadre très strict après la grande radiation. Ce cadre est maintenu en place par des Sanits, qui gèrent les naissances et les hormones qui font évoluer les pré-seza vers le sexe qu’ils choisissent, des référents dans le lycéum (lycée) et des companits, qui suivent les nouveaux seza pour s’assurer qu’il n’y a pas de changements d’avis. La grande radiation, le retour vers des naissances naturelles et l’utilisation de certaines phyto-hormones différentes de celles administrées par les sanits tendent également vers une réflexion écologique dans ce livre.
On suit dans ce premier tome Matt, qui doit devenir un homme. Son amie Gaëlle est devenue femme il y a peu et ils se sont dit qu’ils construiraient leur vie ensemble. Mais il apprend qu’il est porteur, c’est à dire qu’il ne pourra pas subir sa transformation hormonale comme les autres et devra suivre un traitement pendant des années pour espérer devenir homme. Il restera neutre alors que tous ses amis évolueront…
À un train d’enfer, on est entrainé dans ses atermoiements et ses questionnements. À une vitesse prodigieuse et avec facilité, on en apprend plus sur tous ces rituels et tous les flous qui entourent la santé et la procréation dans ce monde post-apo. Et sans souffler, j’ai dévoré la mise en place de la suite, avec une Gaëlle confiante dans ses capacités à aider son homme et avec l’apparition de ce personnage trouble de Lou.
J’ai juste un petit bémol sur l’amour dans Les porteurs. Cela reste un peu mièvre et peu convaincant. De même, l’utilisation des cartes de tarot n’est pas d’un grand intérêt pour moi. Mais je conçois que cela est lié au public visé.
Sinon tout est bien maitrisé : la couverture est juste à tomber ; le teasing de fin, avec le premier chapitre du tome suivant, est énormissime ; les thèmes (bioéthique, privatisation du vivant et genre) sont bien fouillés ; le roman initiatique avec les changements adolescents est bien rendu et le suspense est plus que présent avec Lou, Théodore l’aveugle qui reverra (peut-être ?) ou le virage à 180 degrés de Matt.
Roman publié aux éditions Thierry Magnier (Grands Romans)
Ce livre vous intéresse et vous souhaitez soutenir le blog ? Passez par un des liens Fnac ci-dessous pour votre achat, cela ne vous coûtera pas plus cher et permettra d’aider à financer le blog (en savoir plus) :