La guerre des bulles / Kao Yi-Feng

La guerre des bulles / Kao Yi-Feng

couverture de La guerre des bulles de Kao Yi-FengVoici une fable à la lisière du fantastique, entre satire politique et imaginaire poétique. À Taïwan, dans une communauté de montagne coupée du monde, les réserves d’eau se tarissent. Face à des adultes incapables d’affronter ce problème de survie, les enfants comprennent que c’est à eux de le régler. Ils s’emparent d’armes, prennent la maîtrise du territoire et emprisonnent leurs parents. Lorsque ceux-ci protestent, le mouvement de résistance lancé par les enfants franchit un pas supplémentaire. Désormais maîtres du territoire, ils tentent d’établir un nouveau modèle de société, basé sur l’abolition des règles anciennes…

Avis : Quel livre iconoclaste et bouillonnant !

J’ai mis 1/3 du livre à me faire au style, à l’utilisation des bulles comme formes évolutives d’armes, aux surnoms des enfants et au fait que des spectres soient présents dans l’univers du faubourg.

Mais ensuite, j’ai apprécié l’histoire de cette prise de pouvoir par des enfants et de leur résolutions des problèmes jusque-là pris en charge (de leur point de vue de façon bien mal appropriée) par les adultes. Ce sont des problèmes inhérents à toute gouvernance : nourrir ceux dont on a la charge, boire de l’eau propre, protéger et réparer ce qui doit l’être. Les plaisirs des jeux, de ne rien faire sont totalement bannis et causeront quelques frictions.

De même, si la guerre avec les chiens sauvages m’est apparue d’abord terne, elle a ensuite pris une dimension mystique pas désagréable.

Je pense toutefois être totalement passée à côté de la violente satire sociale dont parle le résumé, car mis à part les soucis de ressources en eau et en nourriture, je n’ai pas vu plus que cela dans cette guerre des bulles. Et le coté initiatique, le chamboulement de passage vers l’adulte est à peine effleuré. Notamment lors de ce passage, très beau au demeurant, d’accouplement entre deux enfants devenus plus grands… car on ne peut pas parler de sexe ni d’amour dans ce besoin d’être descriptif pour le raconter aux autres…

Aucun des personnages ne m’a vraiment touchée, ils sont tous très manichéens mais ce n’est pas vraiment grave car La guerre des bulles parle d’une aventure globale, d’un ensemble de personnes. D’un essai pour aller mieux, pour transcender ce petit coin d’humanité.

Ce qui est étonnant, ce sont les plantes qui s’accouplent aux serpents, les poulets ou les macaques qui poussent au sol grâce à des champignons, les bulles qui rongent des arbres en plastiques, l’écureuil familier et les petits monticules de terres sur lesquels poussent des bambous, mais qui sont en fait des objets ou des corps enterrés un peu de manière sacrée, et qui sont autant de tournures et de trésors de la langue. Elles ont fait naitre d’étranges images émouvantes dans mon esprit.

La guerre des bulles se mérite, et je pense le relire dans quelques temps pour voir quel effet il produit lorsqu’on murit et que l’étrangeté de son phrasé et des idées ne sont plus une difficulté à surmonter.

Roman publié aux éditions Mirobole – Traduis du taïwanais par Gwennaël Gaffric.

 

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