Le retour du professeur de danse / Henning Mankell

Le retour du professeur de danse / Henning Mankell

couverture de Le retour du professeur de danse de Henning MankellRésumé : Octobre 1999, dans le nord de la Suède, Herbert Molin, un policier à la retraite, est torturé à mort. Dans sa maison isolée, les empreintes sur le parquet semblent indiquer que le tueur a esquissé un tango sanglant avec sa victime. Ici, ce n’est plus le commissaire Wallander qui mène l’enquête. Au même moment, à l’autre bout de la Suède, le jeune policier Stefan Lindman apprend deux mauvaises nouvelles : il a un cancer et son ancien collègue a été assassiné. Pour tromper son angoisse, il décide de partir dans le Härjedalen et d’enquêter lui-même sur ce meurtre. Or, les ombres d’un passé très noir se sont réveillées. Elles ont frappé. Elles vont frapper encore et encore. Stefan a peur. Mais il est jeune, malade. Il ignore combien de temps il lui reste à vivre. Il n’a rien à perdre.

Avis : Le retour du professeur de danse est un roman policier comme je les aime : hautement intelligent, mêlant Histoire et suspense, avec des personnages très attachants ou hyper-repoussants de prime abord, mais qui se révèlent parfois à plusieurs facettes.

Le cancer de Stephan Lindman, le héros, apporte également de la profondeur avec ses questionnements et son côté fébrile. Quant aux policiers, et surtout Giuseppe, ils sont dépeints comme humains, dans leurs essais de compréhension mais aussi leurs bévues. La fatigue et le stress sont également des personnages à part entière. On change ensuite de « camp » pour apprendre à connaitre le tueur, et là encore il a de multiples facettes, pour sa famille notamment.

J’ai aimé le tutoiement des suédois. Ils se tutoient quel que soit leur âge, leur profession… Ainsi, on fait presque parti des meubles. De plus, les descriptions sont fluides et simples, sans être simplistes. Le tutoiement a aussi l’avantage de nous faire plus facilement mener en bateau, car on a le sentiment d’être proche de tous, et même bien sûr, des protagonistes qui mentent !!!!

Le pas de deux que mènent les enquêteurs avec le (les ?) tueurs(s) est vraiment unique. Ils virevoltent les uns autour des autres dans un ballet qui se révèlera monstrueux et dangereux. Certains mènent la danse puis se rendent finalement compte que les autres avaient une longueur d’avance. En cherchant à reprendre la main, ils tombent parfois encore dans les pièges tendus. Les situations ne sont jamais ce qu’elles semblent être, et cela est la vraie réussite de ce roman. Effectivement, les rebondissements m’ont tenu en haleine et le cancer de Stephan ne m’a jamais laissé reprendre mon souffle.

J’ai moins aimé l’espèce d’épilogue où Stephan, qui a fini par avoir le fin mot de l’histoire, envoie le nom du tueur à son collègue alors que personnellement, je l’avoue, j’aurais aimé que ce crime reste impuni. Mon côté « team » Dexter (la série) sans doute. Il est vrai que ce roman fait réfléchir sur ses propres démons, réfléchir jusqu’où on serait prêt à aller pour une vengeance et ce sur quoi on serait prêt à fermer les yeux…

Spoiler alert

Remuer le passé est nauséabond. Mais le fait d’avoir une organisation nazie internationale se mêlant à ce crime donne lieu à une superbe chorégraphie pour deux raisons et orchestre le grand final.

La première raison est de rappeler s’il en était besoin qu’en 2000, date de parution du livre, ces idées que l’on croit parfois à tort ensevelies, sont malheureusement toujours vivaces et même peut-être encore plus maintenant en 2016.

La deuxième raison est que cette organisation nazie permet un retour sur la vie des différents protagonistes, notamment sur « notre » Stephan. Lorsque l’abîme s’ouvre une deuxième fois sous lui, il entrevoit et se confronte pour de bon à sa propre mortalité d’abord, mais aussi à ce qu’il va faire de sa vie, s’il survit entre autre à son cancer.

Si je devais analyser mon plaisir à lire Le retour du professeur de danse, je dirai qu’il entrelace extraordinairement bien l’Histoire avec un grand H et la vie de ce policier que l’on suit dans ses péripéties, rebondissements et questionnements dans son existence ET dans son métier.

Ce roman entremêle également les pulsions de vie et de mort des différents personnages. Mais surtout il nous laisse pantelant, aussi pantelant qu’après avoir dansé le tango j’imagine. La sexualité y affleure, le meneur n’est pas celui que l’on croit, même la brutalité peut y être belle.

Bref, cette danse nous fait voyager, réfléchir, s’y découvrir parfois et trancher peut être…. De quel côté serez-vous ?

Roman paru aux éditions du Seuil – Traduit du suédois par Anna Gibson

Enregistrer

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notifier de
guest
1 Commentaire
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
1
0
Participez à la vie du blog en laissant un commentaire :)x