De force / Karine Giébel

De force / Karine Giébel

couverture de De force de Karine GiébelQuatrième de couverture : Elle ne m’aimait pas. Pourtant, je suis là aujourd’hui. Debout face au cercueil premier prix. Car moi j’ai voulu l’aimer. De toutes mes forces. De force. Mais on n’aime pas ainsi.
Lorsque j’arrive devant la porte de mon ancienne chambre, ma main hésite à tourner la poignée. En allumant la lumière, je reste bouche bée. Pièce vide, tout a disparu. Il ne reste qu’un tabouret. Sur le tabouret, une enveloppe. Sur l’enveloppe, mon prénom écrit en lettres capitales. Deux feuilles, écrites il y a trois mois. Son testament, ses dernières volontés.
Je voulais savoir. Maintenant, je sais. Et ma douleur n’a plus aucune limite.
La haine. Voilà l’héritage qu’elle me laisse.

Avis : Luc Garnier, 26 ans, garde du corps de profession, fait son jogging lorsqu’il surprend l’agression de Maud Reynier et la sauve. Touché par la jeune fille, il va accepter l’offre de son père de s’installer dans la demeure familiale afin de la protéger du fou qui la traque depuis des semaines… et comprendre que celui-ci est en réalité la véritable cible du harceleur. L’éminent et détestable Professeur Reynier semble en effet avoir bien des choses à se reprocher. En pénétrant dans la vie de cette famille Luc va mettre les pieds dans un engrenage infernal.

C’est avec plaisir que l’on retrouve l’écriture incisive et efficace de Karine Giébel. Après un prologue très personnel qui nous plonge dans les sentiments à vif d’un mystérieux personnage et nous laisse sur une idée de vengeance à accomplir, l’auteure nous transporte brutalement dans d’autres lieux. Avec cette entrée en matière des plus intrigantes, le lecteur est alors happé. Il cherche à comprendre le lien entre les deux histoires, à deviner quel est le protagoniste qui les relie.

Karine Giébel parvient très bien à brouiller les cartes, parsemant son récit d’indices et d’insinuations. Au lecteur de trier le bon grain de l’ivraie. Qui manipule les évènements dans l’ombre ? Quelle est la partition qui est jouée ? Car tous les protagonistes de cette fable semblent avoir quelque chose à cacher et être animés de sombres pensées.

Les personnages présentés dans De force proposent un savant mélange entre fragilités et instabilité psychologique. Les membres de la famille Reynier sont tous assez antipathiques, particulièrement le père, avec son obsession malsaine pour sa fille. Même celle-ci, qui pourtant se retrouve bien malgré elle victime de cette histoire, perd assez rapidement son capital sympathie tant elle peut se laisser envahir par la haine et la colère. Le contrôle est une obsession pour les protagonistes. Rien ne peut être acquis librement, mais obtenu de force. Tout est bataille, domination, pouvoir. L’atout empathie est incarné par Luc qui, bien qu’il ne soit pas dénué de ses propres démons, apporte une réelle fraicheur ainsi qu’une certaine tendresse à l’histoire. La psychologie complexe et torturée des personnages est l’atout du roman.

Car De force propose une intrigue plus classique que lors des précédents romans de l’auteure. Si elle est prenante, elle subit un petit coup de mou vers le milieu du livre où l’histoire tourne un peu en rond. Par ailleurs, le nombre élevé de pistes quant au chef d’orchestre de cette histoire, s’il réussit bien à faire douter le lecteur, permet aussi qu’il s’attende à tout. Ainsi, je n’ai pas été surprise par la fin. Les rebondissements sont tombés à plat car je les avais devinés. Malgré cela le dénouement est chargé en émotions, il vous laissera le cœur lourd face au récit de cette tragédie.

Roman publié aux éditions Belfond

LC avec Piplo et Nanet

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