Voulez-vous nous présenter votre dernier roman, La voie des âmes ?
« La voie des âmes » est un thriller, mais pas que. En effet, j’ai voulu sortir du cadre du thriller pur et dur. C’est avant tout un roman qui aborde le thème de la seconde chance. Que ferions-nous si nous avions la possibilité de modifier un événement de notre vie ? Jusqu’où serions-nous prêts à aller pourrevoir un proche qui n’est plus de ce monde ? Ce sont les questions que
Richard Neville, le héros du livre, va être amené à se poser. Richard est policier, il a un don : en touchant une personne décédée, il peut voir les derniers instants de sa vie. Quand son épouse est assassinée à Central Park, une femme mystérieuse propose de la lui rendre, de la sauver, à condition qu’il fasse quelque chose pour elle. De quoi s’agit-il ? Jusqu’où ira-t-il pour retrouver l’amour de sa vie ? Le roman est construit comme un thriller, avec son lot de rebondissements et de surprises, mais je suis allé beaucoup plus loin en traitant des thèmes qui nous touchent tous : la vie, la mort, l’amour, le couple, la famille, le deuil, la gestion du deuil, la religion…
Croyez-vous au surnaturel ?
Certains phénomènes inexplicables décrits dans les romans ou montrés dans les films me donnent le frisson, j’en déduis que quelque part je crois à l’existence de forces secrètes et surnaturelles, plus ou moins consciemment. Et puis, Dieu lui-même n’est-il pas une force surnaturelle ? Si on croit en Lui, n’est-on pas enclin à admettre l’existence d’autres entités ? C’est un vaste débat. D’une manière générale, l’esprit humain a peur de l’inconnu, de ce qu’il ne peut appréhender.
Votre texte est parsemé d’évènements et de figures historiques (Marylin, Elvis, William Wallace…). Était-ce une chose à laquelle vous teniez ?
Pendant mes études, l’histoire a été ma grande passion. Au bac, j’ai eu 19, le sujet portait sur la guerre du Vietnam. « La voie des âmes » m’a permis de parler de personnages historiques dont les contours sont encore flous aujourd’hui. Par exemple, on ne sait pas tout sur William Wallace. Grâce à ce roman, j’ai pu donner libre cours à mon imagination et remplir certains blancs, à ma façon. Concernant Marilyn et Elvis, véritables icônes à une époque où le mot « star » n’était pas encore galvaudé, ils me fascinent depuis mon enfance. Avec ce livre, j’ai pu fantasmer sur les circonstances de leur disparition et apporter une explication à la hauteur de leur légende.
Une bonne partie de l’action se déroule aux États-Unis, et vous avez choisi pour certains mots, d’utiliser leur traduction anglaise. Pourquoi cela ?
Dès le début, je voulais que ce roman ait une dimension internationale, parce que le sujet, par son ambition, sa richesse, sa densité, le justifiait. On visite les États-Unis, l’Écosse, l’Australie, et notre bonne vieille Normandie. J’ai employé certains mots anglais dans un souci d’authenticité.
La façon dont vous décrivez New York est très vivante et immersive. Est-ce une ville que vous connaissez bien ?
Pour l’essentiel de l’intrigue, j’avais besoin d’une ville hors norme. Le choix de New York s’est rapidement imposé. J’y suis allé deux fois, c’est une ville impressionnante, forcément cinématographique, qui frappe par sa démesure, son agitation permanente. Décrire une ville, un pays, sans tomber dans les pièges du guide touristique, n’est pas chose aisée. Mon but était de faire en sorte que les lieux du roman soient des personnages à part entière, que chacun d’eux soit perçu comme un organisme vivant. Il fallait que le lecteur ait l’impression d’y être, qu’il voie les couleurs, qu’il entende les bruits, qu’il sente les odeurs.
Vous citez Stephen King dans votre roman, est-ce un auteur que vous-même appréciez particulièrement ?
Stephen King n’est plus un homme depuis longtemps, c’est un dieu, que dis-je, un démiurge ! Ses romans ont marqué mon adolescence de manière indélébile. Le citer est une façon de lui rendre hommage, comme appeler le héros Richard Neville est un hommage à mon écrivain préféré, Richard Matheson : vous aurez compris d’où vient le prénom ; concernant le nom de famille, le personnage de « Je suis une légende », l’un des chefs-d’œuvre de Matheson, se nomme Robert… Neville.
J’ai cru comprendre que La voie des âmes était très différent de vos précédents écrits. Pouvez-vous nous dire en quoi et pourquoi ?
Différent par la richesse des thèmes abordés, par l’investissement qu’il a nécessité, par l’humanité qui s’en dégage. J’ai beaucoup travaillé les personnages, car je suis convaincu que s’ils sont profonds, vrais, si l’écrivain réussit à donner l’impression qu’ils existent, le lecteur s’attachera à eux et les suivra au bout du monde.
Songez-vous à écrire une suite ?
Tout est possible ! En tout cas, j’ai déjà en tête les grandes lignes de ce qui pourrait constituer une suite.
Vous êtes également scénariste pour la télévision, notamment pour la série Cherif. Voulez-vous nous dire quelle différence il y a à écrire un roman et un épisode de série télé ?
Ce n’est pas du tout le même travail. Dans un scénario, l’image prime les mots. Un regard, un geste, suffisent à exprimer une émotion. Dans un livre, il faut décrire les personnages, leurs sentiments, les lieux, les situations, c’est beaucoup plus compliqué.
J’ai beaucoup aimé votre nouvelle L’encre et le sang, coécrite avec Franck Thilliez, mais elle est assez effrayante lorsqu’on y songe. Faut-il y voir un reflet des pulsions qui animent les auteurs ?
Plutôt un reflet des pulsions qui animent l’homme en général. Il semble logique de penser que quiconque aurait en sa possession une telle machine à écrire serait tenté, à un moment ou à un autre, de faire le mal, car nous avons tous des raisons d’en vouloir à certaines personnes. La tentation de la vengeance est enracinée en chacun de nous. Prions pour qu’une telle machine, capable de réécrire l’histoire, n’existe jamais !
Et pour finir, sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Je suis en train d’écrire mon prochain roman, dont le héros sera un personnage spécial, comme je les aime. La saison 3 de « Cherif » est actuellement en tournage, pour une diffusion à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine. Et puis je développe plusieurs projets audiovisuels.
Encore un grand merci à Laurent Scalese pour son temps et ses réponses !