Quatrième de couverture : Dix ans après sa terrible série d’assassinats, le « Bon Berger » se réveille lorsqu’une journaliste entreprend une série documentaire pour tenter de percer le mystère de son « manifeste ». Pour tout le monde, l’affaire était classée… Pour tout le monde, sauf pour l’ex-enquêteur vedette du New York Police Department, Dave Gurney, qui est persuadé que le FBI et ses profilers se sont trompés. Menacé de toutes parts, abandonné par ses amis, Gurney sait qu’il doit affronter le plus terrible des prédateurs, un serial killer qui reprend du service…
Merci à Livraddict et Grasset pour cette lecture
Avis : Kim Corazon, jeune étudiante en journalisme, a eu l’idée pour son projet de fin d’étude, de tourner une série documentaire sur les familles dont un membre a été victime de meurtre. Elle souhaite particulièrement étudier le ressenti dans les cas où le coupable a réchappé à la justice. Elle a ainsi choisi, parmi les affaires non-classées, celle du Bon Berger. Un meurtrier qui, il y a tout juste 10 ans, avait joué au sniper sur 6 personnes et avait ensuite revendiqué ces attentats. Lorsqu’une chaine de télévision se montre intéressée par son idée et propose de lui donner corps, Kim demande à Dave Gurney, inspecteur du NYPD à la retraite, de porter son regard d’expert sur la partie « homicide ».
Dès le départ, ce sujet a mis en porte à faux l’héroïne, car elle a beau avoir de bonnes intentions, ce projet de fin d’étude me parait avant tout racoleur. J’ai donc eu du mal à croire en son personnage. Du reste, la chaine qui achète son histoire ne s’y trompe pas, et tous les moyens sont bons pour faire grimper l’audience. L’auteur profite de l’occasion pour aborder les dérives de la télé réalité et le battage médiatique fait autour des affaires à « sensations ».
Lorsque Kim fait appel à David Gurney, il se remet, chez lui, des séquelles de sa dernière enquête, pendant laquelle il a failli perdre la vie. Du temps de sa carrière, ce monsieur était apparemment un « super flic », avec le taux de résolution le plus élevé de sa brigade, articles dans le journal, et tutti quanti… N’ayant pas lu les précédents opus, j’avoue que ce panégyrique m’a légèrement fait tiquer.
C’est même le principal reproche que je ferai au héros : un ego surdimensionné. Il compte sur son intelligence et sa logique pour identifier le tueur, mais… il le fait moins bien qu’Hercule Poirot ! Ce petit côté narcissique est d’ailleurs frappant lorsqu’il décide de piéger, seul, le tueur, en étant certain de maitriser la situation. Ce qui est d’autant plus idiot que son plan pour coincer le Bon Berger comporte d’énormes failles.
Ce problème d’ego se retrouve également dans la guerre des polices qui règne dans ce livre. Au début, les quelques piques lancées entre police locale et FBI ne me dérangeaient pas, mais plus la fin se rapprochait, plus leur hostilité devenait pesante. C’était assez exaspérant. « Je suis plus intelligent que toi… tu as tord, j’ai raison… ». On se serait cru dans une cour d’école. Au final, c’est assez mesquin.
Concernant l’intrigue elle-même, l’un des points sur lequel Gurney achoppe est que le tueur ne serait pas celui qu’il prétend être. Les questions tournent donc principalement là-dessus : s’agit-il vraiment d’une « mission » comme l’affirme son manifeste ? Si non, que cherchait-il vraiment ? Pourquoi toute cette mise en scène ? Avait-il un mobile ou une cible cachée ?… Malheureusement, tout lecteur des romans d’Agatha Christie comprendra ce qu’il en est en 5 minutes.
Un roman distrayant, qui se lit facilement, mais qui, vous l’aurez compris, n’a pas réellement su me convaincre. Peut-être parce que m’y ayant trop fait penser, je n’ai cessé de le comparer à un maitre du genre !
Roman traduit par Philippe Bonnet et Sabine Boulogne – Édité par Grasset