Le goût de l’immortalité / Catherine Dufour

Le goût de l’immortalité / Catherine Dufour

Quatrième de couverture : Mandchourie, an 2113. La ville de Ha Rebin dresse ses tours de huit kilomètres dans un ciel jaune de toxines. Sous ses fondations grouille la multitude des damnés, tout autour s’étendent les plaines défoliées de la Chine.

Le brillant cmatic est mandaté par une transnationale pour enquêter sur trois nouveaux cas d’une maladie que l’on croyait éradiquée depuis un siècle. Ses recherches le mènent à Ha Rebin, où il rencontre une adolescente étrange. Avec elle, il va tenter de mener à bien sa mission dans un monde qui s’affole : décadence américaine, pandémie sanglante, massacres génétiques, conquête planétaire et montée de l’extrémisme vaudou.

Et affronter le rêve le plus fou de l’humanité : l’immortalité, ou ce qui y ressemble… Combien d’entre nous sont vraiment assez sages pour souhaiter échapper à la grande roue ?
La vie est une drogue terrible.

Avis : Ce roman, que j’ai beaucoup apprécié par ailleurs, pourrait être qualifié d’épistolaire. Il s’agit en effet d’une longue lettre adressée par l’héroïne, dont on ne connaitra le nom qu’à la fin, lors de la signature, à l’une de ses relations. La forme est donc particulière, mais le fond l’est également. Au vue du résumé, je m’attendais plus ou moins à un thriller futuriste avec une enquête assez corsée. Au final, j’ai plutôt l’impression d’avoir lu un plaidoyer écologiste aux allures apocalyptiques, représenté par un monde en pleine déliquescence.

Dans sa lettre, notre héroïne nous raconte la dernière aventure de cmatic, un entomologiste d’envergure qui a soudain déchu. Elle nous parle ensuite de cheng et de nakamura, deux habitants de la suburb. Si elle nous conte les vies de ces personnages, dont elle a un moment partagé le destin, c’est afin de mieux nous faire partager la sienne propre. Pendant longtemps je me suis demandée où l’auteur nous emmenait, le récit me semblait assez décousu. Et d’une certaine manière, il l’est bel et bien. Nous passons d’un personnage à l’autre, d’une histoire à l’autre, sans qu’il semble y avoir de lien entre eux. Mais il faut suivre cet écheveau jusqu’au bout pour pouvoir voir le tableau dans son ensemble et faire les liens entre les différentes ramifications. Alors, tout prend son sens. Cette histoire doit néanmoins être lue avec attention si on ne veut pas se perdre au milieu.

L’écriture de l’auteur, la façon de raconter, notamment par le peu de dialogues, permettent une distanciation entre les événements relatés et le lecteur. Car Catherine Dufour nous présente ici un monde sans espoir, dont tous les travers de l’humanité sont exacerbés. Elle décortique la valeur de la vie et le prix qu’un homme est prêt à payer pour la conserver. Un roman qui ressemble fort à un avertissement : « Attention ! Regardez vers où nous nous dirigeons ! ».

« La vie est une drogue terrible. » 

Roman édité par Mnémos.

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