Présentation éditeur : D’un côté, il y a Tiphaine et Sylvain ; de l’autre, il y a Laetitia et David. Deux couples voisins et amis, ayant chacun un enfant du même âge. Deux couples fusionnels et solidaires qui vivent côté à côte dans une harmonie parfaite. Jusqu’au jour du drame. Un tragique accident fait voler en éclats leur entente idyllique, et la cloison qui sépare leurs maisons tout comme la haie qui sépare leurs jardins ne seront pas de trop pour les protéger les uns des autres. Désormais, les seuls convives invités à la table des anciens amis s’appellent Culpabilité, Suspicion, Paranoïa et Haine…
Je remercie l’auteur pour cette découverte.
Avis de Zina : Voici un thriller qui sort des sentiers battus et de ceux que j’ai l’habitude de lire. Ici, point de tueur en série sadique, de déferlement d’hémoglobine ou de policier torturé pour mener l’enquête… C’est bien plus insidieux. Et, la dernière page tournée, vous ne regarderez plus vos voisins de la même manière. Au départ, ne serait le prologue, qui annonce la tournure des évènements, et bien sûr, le genre du roman, on pourrait, pendant un temps, facilement se croire dans de la littérature générale. L’illustration de la couverture est d’ailleurs très bien choisie et représente parfaitement le roman : 2 jolies maisons blanches où tout est parfait en apparence, mais les nuages, noirs, qui s’amoncellent au-dessus de leurs toits, sont de mauvaises augures.
À l’intérieur de ces 2 maisons, qui ne sont séparées que par une haie de jardin, vivent 2 couples. Ils sont d’abord simples voisins, puis amis, et enfin une famille, à la naissance de leurs 2 garçons à quelques mois d’intervalles. On partage tout chez les Geniot et les Brunelle, de l’apéro tous les vendredis soirs à la garde des enfants en passant par les petits tracas du quotidien. Dans un roman intimiste, Barbara Abel nous dévoile petit à petit ses protagonistes. Les moments forts qui ont rythmés leur amitié, mais aussi ces petites choses de l’ordinaire qui la construisent, et qui finissent de cimenter un lien. Jusqu’au jour du drame. Un drame tragique et horrible à classer dans la catégorie « accident domestique ». La vie de ces 2 couples se délite alors peu à peu, la rancœur, la paranoïa et la folie s’y insinuent jour après jour.
Cette intrigue est assez machiavélique et troublante. Le récit est régulièrement entrecoupé des pages du carnet de santé de l’un des enfants, sans jamais que l’on sache s’il s’agit de Milo ou de Maxime, le garçon étant toujours désigné par sa seule initiale. Ainsi, de petits indices sont distillés au fil de la lecture, qui pour la plupart ne prendront leur sens qu’à la fin. J’ai été horrifiée par celle-ci. Je dois dire que je ne m’y attendais pas du tout. J’avais pourtant deviné une partie, mais je n’imaginais pas que cela tournerait ainsi.
Avis d’Ella : Ce roman raconte, dans un style fluide, une histoire de voisinage, qui est, dès le début, très prenante. J’ai trouvé le récit tellement palpitant que je l’ai presque lu d’une traite. Pour intriguer le lecteur, l’auteur commence par une prolepse, qui nous dévoile pendant quelques instants l’avenir de deux couples de voisins. A la fin de ce premier chapitre, nous avons très envie de connaître quels événements les ont amenés à de telles relations. Nous sommes intrigués et nous nous questionnons : que s’est-il passé pour qu’ils en arrivent à une telle situation et à de tels comportements ?
Lorsqu’au chapitre suivant, nous retournons sept ans en arrière, nous retrouvons deux couples liés par une franche amitié. Ce lien se renforcera au quotidien, par leur proximité – ils habitent des maisons mitoyennes – et par la naissance, à quelques mois d’intervalle, de leurs enfants : Maxime et Milo. Ces derniers vont grandir ensemble et tout partager comme deux frères. Ces deux petits bouts vont renforcer les rapports tissés entre leurs parents. Ils vont former ainsi une grande et belle famille, heureuse de vivre ensemble. Mais malheureusement, un accident dramatique va tout faire basculer. L’amitié deviendra de la haine, de la suspicion et de la rancœur. Petit à petit, les relations entre ces quatre amis vont se désagréger. Tout devient sujet à entretenir la tension entre eux. Car rien de tel que d’accuser l’autre pour ne pas endosser toute la responsabilité de ses actes.
L’auteur retrace parfaitement les émotions, la montée de paranoïa, d’hystérie et de folie des personnages. C’est la descente aux enfers pour ces quatre amis. Rien ne sera plus pareil, même s’ils essaient d’agir comme si aucun drame n’avait eu lieu. Mais, si survivre et essayer de retrouver sa vie d’avant, était aux dépens de l’autre ? Agiriez-vous aussi ainsi pour faire taire cette souffrance, cette culpabilité et retrouver votre joie de vivre ?
Les relations de mauvais voisinage – des voisins trop bruyants par exemple – sont un sujet que tout un chacun connaît, pour le vivre ou l’avoir vécu soi-même ou parce qu’un ami, un parent le subit. Mais ici, le différent de ces deux couples va les conduire à l’extrême. Cette œuvre commence tout en douceur, et petit à petit Barbara Abel fait monter la pression, par la violence des réactions, et des agissements des personnages. La fin est bouleversante et assez inattendue. L’auteur réussit parfaitement son coup. Rien ne laisser présager ce dénouement et en plus, l’auteur n’y est pas « allé de main morte ». Elle montre que l’amertume et la colère nous amène à faire des choses irréparables, impardonnables pour notre propre bien être, pour récupérer ce paisible bonheur d’antan.
Vous l’avez compris, le dénouement de ce récit est frustrant et laissera de nombreux lecteurs interdits. Il m’a surpris et laissé sans voix. Et c’est pour cette raison que j’ai beaucoup aimé cette œuvre, mais également parce que l’histoire était prenante du début à la fin. Un roman où tout ne finit pas comme dans Candide de Voltaire : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des modes ». A moins que ??