Les moutons noirs / Iléana Métivier

Les moutons noirs / Iléana Métivier

couverture du roman Les moutons noirs de Iléana Métivier

1896, Le Havre.
Constance naît bâtarde, fille et domestique, trois tares qui façonneront son enfance, puis son adolescence.
Dans le même manoir, Liam voit le jour quelques mois plus tard. Fils de bourgeois, il grandit entouré de ses frères et de Constance.
Leur amour est une évidence. Une évidence qu’ils doivent cacher. Leurs familles, à l’éducation rigide, ne le toléreraient pas. En ce début de XXe siècle pourtant, un vent d’idées novatrices souffle sur la France. L’État prône l’égalité sociale. Les suffragettes luttent pour l’égalité des sexes.
Quand les faiblesses se muent en force, quand l’amour devient moteur, la vie se métamorphose.

Avis : Les moutons noirs nous invite à suivre la vie, dans la France du début du 20e siècle, de Constance Roussel et de Liam Roy. Constance est la fille illégitime d’une bonne, Madeleine. Toutes deux sont au service des Roy, Jeanne et William. Liam, du même âge que Constance, est leur fils. Il est né entre ses deux frères, Ian et Florent.

La bienséance, leurs classes sociales, leur genre, voudraient qu’ils ne soient pas proches, mais cela va à l’encontre de leurs cœurs. Avec une grande intelligence et sans jamais s’éloigner d’une authenticité historique, Iléana Métivier nous montre la possibilité d’une autre voie que celle du patriarcat.

Elle manie les flashbacks et les deux voix de nos amoureux valeureux, comme autant de petites touches dressant un tableau sincère de leur vie. En ce début de siècle où la bienséance régie les rapports humains, nous sommes en même temps si loin et si proche de la séparation genrée actuelle. Certes les femmes peuvent de nos jours, en Occident, porter un pantalon et n’ont plus de corset mais les rapports humains, toujours définis par notre genre, notre sexualité ou notre classe sociale sont encore très prégnants.

Et c’est une des forces des Moutons noirs, que de nous laisser entendre la voix de l’émancipation selon Constance et dans une même ligne celle de Liam. Car il faut comprendre que cela passe par une libération de « l’image de ce que doit être un homme » également. On ne peut pas demander l’égalité si on ne change pas ce que l’on fait aussi peser sur les épaules des hommes. Et l’autrice y réussit grandement dans ce roman historique passionné et passionnant. Par la double émancipation de nos jeunes héros, acquise par la volonté de Constance puis par la prise de conscience de Liam, elle nous offre un roman poignant et libérateur.

Alors on pourrait quand même argumenter sur certains choix de Constance et surtout sur le fait que l’amour transcende tout si merveilleusement, mais Iléana Métivier réussit à rendre plausible même ça avec certes, un peu trop d’optimisme. Pourtant peu de choses leur sont épargnés : les grands parents plus-froids-tu-meurs, les on-dit, les violences et le harcèlement sexuel, les phrases qui meurtrissent, la guerre pendant 4 ans… mais la fin est peut-être un peu trop contemporaine.

Malgré ce léger bémol, Les moutons noirs est à mettre entre toutes les mains pour non seulement passer un bon moment de lecture mais aussi voir plus loin en s’appuyant sur le passé.

Les moutons noirs est un roman autoédité

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