1872, Hippolyte. Dans cette ville fantôme perdue en Arizona, la population s’élève à 27 âmes : 27 femmes. Cette communauté d’amazones du désert a su rester discrète, bien que vivant des attaques de diligences et convois qui passent dans la région. Mais la cohésion de ce groupe si soudé ne tarde pas à être ébranlée alors qu’elles capturent un homme qui enquête sur elles depuis plusieurs mois. Sans parler d’une ancienne connaissance qui refait surface après une dizaine d’années pour récupérer son butin…
Avis : Hippolyte* est une petite ville enclavée dans le désert d’Arizona. Un ville secrète, où vit une communauté de femmes. Des femmes guerrières, des Amazones, qui vivent de rapines et d’attaques de diligence. Efficaces et impitoyables, elles ne laissent rien au hasard… Jusqu’au jour où un homme est lancé sur leur piste pour les débusquer. Son apparition est l’augure d’une ère sombre pour le groupe.
Cela faisait un moment que je lorgnais sur ce western féminin, attirée notamment par sa belle couverture. Clotilde Bruneau et Carole Chaland s’intéressent ici à la dimension crépusculaire et tragique du genre. Elles reprennent des codes que l’on reconnaîtrait partout, dans les décors (les vastes paysages, la ville et son saloon) et les situations (scènes de beuverie et violence des armes) et les modernisent en y liant le mythe des Amazones, avec ce groupe de femmes libres et fortes, se battant pour leur survie et leur indépendance, justifiant ainsi tous leurs crimes. Elles contre le reste du monde.
Entre Abby, la doyenne et fondatrice de la communauté, Victoria, en charge des raids, et Augustina, la benjamine, avide d’en découdre et de prouver sa valeur, le torchon va brûler. Concentrées sur l’ennemi extérieur, les cheffes d’Hippolyte ne se rendent pas compte qu’elles élèvent une petite sociopathe, et que le ver était dans le fruit.
Visuellement, Hippolyte se démarque par un découpage et des plans assez cinématographiques, grâce au fond souvent noir rappelant les rouleaux de pellicule. Les dessins sont mis en valeur par un jeu de couleur dominante : des rouges, des oranges, des bleus… qui font ressortir action et tension. Les personnages sont beaux, le trait est soigné et lumineux. Le style m’a rappelé celui des comics.
Pourtant, malgré une narration dynamique et une histoire qui emporte avec plaisir, la dernière page tournée, je ressens une sensation d’inachevé. Même si certains éléments se devinent, j’ai l’impression d’une histoire qui n’aurait pas été totalement menée à son terme. Des pistes lancées qui ne m’ont pas parues totalement abouties.
BD parue aux éditions Vents d’Ouest
* Dans la mythologie grecque, Hippolyte ou Hippolyté est une reine des Amazones. (wikipedia)