Clara Vine, Tome 2
Berlin, 1937. Anna Hansen, pensionnaire à l’École des épouses du Reich et destinée à devenir la femme parfaite d’un officier SS, est assassinée. L’affaire est étouffée. L’actrice Clara Vine, agent du renseignement britannique sous couverture, découvre que ce crime est lié à un lourd secret pouvant compromettre les plus hauts dignitaires nazis. Alors qu’Édouard VIII est reçu à Berlin, en compagnie de sa nouvelle épouse, et que les sœurs Mitford se distinguent dans les salons, Clara doit redoubler de prudence pour mener à bien cette enquête périlleuse.
Avis : J’avais adoré Les roses noires, je ne sais pas pourquoi j’ai mis tant de temps à lire la suite ! En tout cas je ne regrette pas du tout de m’être enfin remis à cette série d’espionnage avec Le jardin d’hiver.
Comme dans le premier tome, c’est par un meurtre que débute le roman. Celui d’une jeune fiancée du Reich, alors qu’elle se trouvait à l’École des Épouses pour apprendre à être une bonne femme de SS. Pourtant, comme dans le premier également, ce n’est pas vraiment le sujet principal du roman. Si toutes les questions entourant sa mort seront résolues à la fin, c’est surtout la vie de Clara Vine, actrice anglo-allemande, dans le Berlin d’avant-guerre que nous suivons. Clara et sa mission d’espionnage.
4 ans se sont écoulés depuis les débuts d’espionne de Clara. Léo, son contact, l’homme qui l’a recrutée, est rentré en Angleterre. Elle continue néanmoins à profiter de sa position d’étoile montante des studios de l’Ufa pour rapporter ce qu’elle voit et entend aux services secrets britanniques. Elle est invitée aux fêtes, côtoie les hauts dignitaires du parti et leurs femmes, travaille avec eux parfois. Mais la pression augmente autour de Clara. Goebbels la surveille et on murmure son nom dans les bureaux de la Gestapo. Pourtant, elle s’accroche à son rôle, désespérément. Pour l’adrénaline, un peu. Mais surtout car elle a conscience de l’importance de ce qu’elle fait.
Nous sommes en 1937 et plus que jamais l’emprise d’Hitler et des nazis s’est resserrée sur le peuple Allemand. Et se prépare à se déployer sur le monde qui préfère rester aveugle et sourd. Et c’est ici que se trouve toute la force du Jardin d’hiver. Jane Thynne nous fait un compte-rendu précis et effrayant de la vie dans la capitale, de l’atmosphère qui se délite, de la peur qui s’installe, de l’ombre de la guerre qui s’agrandit. Elle nous conte avec justesse et réalisme la nourriture qui commence à manquer, les collectes d’objets métalliques « pour le plus grand bien du Reich », la fermeture les uns après les autres des bars et autres lieux prisés par les intellectuels, le culte de la personne d’Hitler, le musée d’art dégénéré de Munich, la propagande anti-juive omniprésente… Elle nous rappelle que tous les Allemands n’étaient pas nazis, et que, même si beaucoup se sont laissés prendre à la propagande nazie, les enfants notamment, qui faisaient l’objet de mesures spéciales, c’était surtout la peur qui régnait.
Le jardin d’hiver offre un mélange toujours aussi réussi d’Histoire, de suspense, et de tension avec au milieu une héroïne forte et attachante, femme avant tout. C’est avec grand plaisir que je lirai la suite, La guerre des fleurs, et je trouve ça vraiment dommage que Le livre de poche ait arrêté la publication de la série.
Je suis une femme de 30 ans sans amant ni mari, je n’ai que l’enfant d’une autre femme. Je me fais passer pour une amie des nazis tout en informant le renseignement britannique à leur sujet. Mon père admire les nazis alors que ma grand-mère était juive. Pas étonnant que j’aime aller au studio. Il n’y a qu’en étant actrice que je cesse de jouer.
Roman publié aux éditions Le livre de poche – Traduit de l’anglais par Sophie Bastide-Foltz