1968. Jean a six ans quand il est confié du jour au lendemain à sa grand-mère. Pour l’été. Pour toujours. Il n’a pas prévu ça. Elle non plus.
Mémé Lucette n’est pas commode, mais dissimule un coeur tendre. Jean, véritable moulin à paroles, est un tourbillon de fraîcheur pour celle qui vivait auparavant une existence paisible, rythmée par ses visites au cimetière et sa passion pour le tricot.
Chacun à une étape différente sur le chemin de la vie – elle a tout vu, il s’étonne de tout –, Lucette et Jean vont s’apprivoiser en attendant le retour de la mère du petit garçon.
Ensemble, dans une société en plein bouleversement, ils découvrent que ce sont les bonheurs simples qui font le sel de la vie.
Un duo improbable et attachant pour une cure de bonne humeur garantie !
Avis : Il y a des livres que vous mettez de côté, soit parce que vous les gardez pour une saison précise, un moment particulier, ou parce que vous savez qu’un jour ce sera celui-là et pas un autre qu’il vous faudra. Au petit bonheur la chance d’Aurélie Valognes fait partie de ces livres-là, en tout cas, pour moi. Un livre d’été, à l’ombre du parasol de ma terrasse ou glissé dans ma valise pour le ressortir lors des douces soirées d’été après avoir crapahuté dans les plus beaux villages de la côte d’Opale. On sait qu’on va s’y replonger avec une aisance de lecture déconcertante et rassurante, qu’on va y retrouver ces personnages pour lesquels on s’est pris d’affection, venant à presque nous manquer pendant la journée.
D’une simplicité apparente, Au petit bonheur la chance est un roman d’une gravité sourde, qui finit par vous tourmenter, vous donner envie d’aller déplacer des montagnes tant les injustices s’y accumulent. La plume est simple, comme pour ne pas aggraver la tristesse et la mélancolie qui rythment le récit. Traverser le quotidien d’un petit garçon des années 1960-70 n’a rien de commun. Début de la société de consommation, pseudo-émancipation de la femme, scolarité coincée entre envie de progrès et archaïsme, autant de sujets graves abordés et parsemés de moments d’insouciance, où l’on redevient enfant aux côtés du petit Jean, de ses cousins et de ses camarades de classe. On vogue à travers leurs émotions avec des yeux d’enfants, aussi touchés qu’eux par les réactions des adultes et happés par le désir de savoir ce qui se cache derrière les expressions malicieusement désuètes utilisées par Aurélie Valognes pour intituler ses chapitres.
Un roman entre-deux, qui met du baume au coeur malgré la gravité des sujets abordés.
Roman publié aux éditions Mazarine.