Les livres de la Terre fracturée, Tome 2
La Cinquième Saison jette les derniers vestiges de la civilisation dans une froide nuit sans fin. Essun – jadis Damaya, puis Syénite, mais qui n’est plus aujourd’hui que vengeance – a trouvé un abri, mais pas sa fille. Son chemin croise à nouveau celui d’Albâtre, le destructeur du monde revenu d’entre les morts, porteur d’une demande qu’elle seule peut satisfaire et dont il ne peut résulter que le chaos…
Pendant ce temps, le pouvoir de Nassun, sa fille, ne cesse de croître. Elle a suivi son père, Jija, loin au sud, où l’attend un autre fantôme du passé de sa mère.
Avis : J’avais adoré La cinquième saison, et c’est avec impatience que j’attendais de découvrir ce qu’il allait désormais arriver à Essun et à cette Terre fracturée. La porte de cristal ne m’a pas du tout déçue ! N.K. Jemisin nous y entraîne à nouveau dans une histoire riche et intense qui ne ménage pas ses héros.
Dans le premier volume, le récit se partageait entre Essun, Damaya et Syénite. Cette fois, nous suivons parallèlement Essun et Nassun, sa fille. Essun ayant perdu la piste de cette dernière, elle tente de trouver sa place dans la Castrima souterraine, une communauté ou normaux et Orogènes vivent en harmonie, ou du moins essaient, alors que la saison fait déjà rage au dehors. Elle y suit également l’enseignement d’Albâtre, qui souhaite la voir mener à bien ce qu’il a initié… pour le meilleur ou pour le pire ? En alternance, nous apprenons ce qu’il advint de Nassun, sa fuite avec Jija, son père, et son arrivée en Antarctique, dans une comm pas comme les autres. Sa route va croiser une vieille connaissance de sa mère, Schaffa. Un Schaffa que l’on apprendra à mieux connaître, et peut-être comprendre ? Un Schaffa inattendu, complexe et tourmenté.
Si La porte de cristal reste encore très mystérieux, il contient aussi son lot de révélations, qui nous tient en haleine. Ainsi, les différents acteurs de cette pièce apocalyptique, et leurs buts, commencent à se dévoiler. On en apprend plus sur l’histoire des différents groupes en présence : les Orogènes, mais aussi les mangeurs de pierre et les gardiens. Le sort de la Terre y est bien sûr central, et le rôle des obélisques prend forme. Le premier tome flirtait déjà avec la sf, et j’ai trouvé que la science avait une place encore plus marquée ici – même si on nous parle aussi beaucoup de magie. J’avoue même mettre sentie parfois un peu perdue dans les explications des pouvoirs et activités sismiques et géologiques.
Les questions d’altérité, toujours très présentes, sont particulièrement portées par Nassun. La petite fille est en conflit avec elle-même, entre sa nature profonde d’orogène, et le regard que porte sur elle un père qu’elle adore mais qui abhorre ce qu’elle est. Une haine qui a été jusqu’à lui faire tuer son petit frère. Elle est partagée entre le désir de retrouver son affection intacte, quitte à se « débarrasser » de son orogénie, et la colère que son propre père ne puisse l’accepter telle qu’elle est. Sa rencontre avec d’autres enfants comme elle, mais surtout avec Schaffa, l’amènera à prendre du recul sur sa situation. Et à faire des choix.
Car pour les protagonistes de La porte de cristal des choix devront être faits, des choix qui, dans un monde en déliquescence, peuvent aussi bien prolonger leur survie que hâter leur trépas. N.K. Jemisin offre ici une histoire toujours aussi maitrisée qui promet encore de nombreuses révélations, et une fin toute en tension et émotion dans le dernier tome de cette trilogie. J’ai hâte !
Roman publié aux éditions J’ai lu (Nouveaux Millénaires) – Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Michelle Charrier
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