Dans le quartier brûlant de La Victoria, à Santiago, quatre cadavres d’adolescents sont retrouvés au cours de la même semaine. Face à l’indifférence des pouvoirs publics, Gabriela, jeune vidéaste mapuche habitée par sa destinée chamanique et les souffrances de son peuple, s’empare de l’affaire. Avec l’aide de son ami Stefano, militant rentré au Chili après plusieurs décennies d’exil, et de l’avocat Esteban Roz-Tagle, dandy abonné aux causes perdues qui convertit sa fortune familiale en litres de pisco sour, elle tente de percer le mystère. Dans un pays encore gangrené par l’héritage politique et économique de Pinochet, où les puissances de l’argent règnent en toute impunité, l’enquête dérange, les plaies se rouvrent, l’amour devient mystique et les cadavres s’accumulent…
Avis : Zina, ainsi que tout ce qu’il se disait sur les blogs et dans la presse, m’avaient déjà convaincue de lire Caryl Férey ! Condor me paraissait déjà une excellente idée, alors lorsqu’il est sorti en poche, j’ai sauté sur l’occasion. Figurez-vous que je ne le regrette pas une seconde ! Je ne vais pas vous refaire une liste mais Condor coche beaucoup, beaucoup, beaucoup de mes cases !!!!
L’intrigue politico-policière et sociale m’a mise sous tension. On jongle sans arrêt entre bon-droit et violence, drogue et guérilla des années 70, mais aussi voyage au pays des esprits des Mapuches et poésie de Victor Jara. Et cette intrigue ne retombe jamais !
Les personnages principaux sont à la fois très émouvants… et totalement perdus ! Mais perdus de la « bonne manière » si j’ose dire, celle qui fait avancer et qui les pousse à se questionner et à questionner la société.
Gabriela est à la croisée des chemins, entre chamanisme Mapuche et étudiante vidéaste. Question grand écart, ça se pose là et pourtant, « tout est écrit » !
Stefan Roz-Tagle, est un Don Quichotte qui essaie de racheter sa naissance dans une famille aisée qui vit sur le malheur des autres, par ses combats juridiques des causes perdues.
Stefano est un amoureux déçu de 60 ans, doublé d’un militant reconverti dans le cinéma de quartier. Attention, s’il est touchant, il se révèlera néanmoins un combattant hors pair.
Les méchants sont fourbes et ne perçoivent la vie qu’en termes de pouvoir et d’argent. Leur domination est sociale, politique, économique et même dans la sphère familiale, il est question d’abus et de pression.
Si la mort est souvent glauque, elle est aussi mystique avec des incartades en chamanisme et en rêves éthyliques. La violence prend souvent aux tripes et les descriptions des tortures sont immondes.
La fin est triste et palpitante, elle n’est pas dévoilée (sauf si on est chamane Mapuche ????) et contient autant de poésie que de violence.
Les paysages sont une immersion dans la beauté des Andes, et la rudesse des territoires souligne les actions désespérées des protagonistes.
Malgré cela (ou à cause ?), il ne m’a plus été possible de lâcher Condor à partir du dernier quart du livre. Lorsque Caryl Férey vous à hameçonné, harponné même et (oserais-je ?) ferré avec une visite chez les chamanes et des retrouvailles totalement improbables mais explosives, vous ne pouvez que vous accrochez à la couverture et en redemander !
Roman publié aux éditions Folio (Policier)
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