Un génie, un maniaque, une arnaque? Qui est vraiment Stanislas Cordova, ce réalisateur de films d’horreur auquel on voue un culte acharné et qui vit reclus dans une vaste propriété? Bannis des cinémas, ses longs-métrages sont projetés lors de séances clandestines qui tiennent plus du rite satanique que du divertissement. Le journaliste Scott McGrath a tenté de percer son mystère et y a laissé son mariage et sa carrière. Quelques années plus tard, quand la fille du cinéaste est retrouvée morte dans un entrepôt de Manhattan, McGrath décide de reprendre l’enquête, quitte à devenir un personnage de plus dans l’univers paranoïaque de Cordova…
Avis : Pour ma part, ET même si Cordova, l’un des personnages principaux, ET le Figaro littéraire le disent, Intérieur nuit n’est QUE souverain et implacable, PAS parfait mais franchement, c’est déjà pas mal, non ? En effet, si ces trois mots sont utilisés par Cordova lui-même pour décrire le meilleur plan dans un film, et par extension, sont repris par le Figaro littéraire pour une critique d’Eric Neuhoff sur Intérieur nuit, je ne retiens que les deux premiers pour plusieurs raisons.
J’ai adoré le suspense, allié de façon fantasmagorique à la noirceur des différentes séquences du livre. 4 séquences pour moi : le journaliste McGrath seul, McGrath et ses deux acolytes (Nora et Hopper), McGrath connaissant une vérité et McGrath aux sirènes… Il existe un crescendo fabuleux dans l’histoire telle qu’elle nous ait contée par Marisha Pessl. Nous ne sommes que des pions (comme McGrath) sur son échiquier sombre, un peu truqué et à plusieurs niveaux (ésotérique, émotionnel, philosophique même). Elle nous ballade, nous bouscule, nous fait peur, nous fait envie…. Elle est souveraine dans la traque qui s’opère dans son livre. Et si le traqueur a tendance à devenir le traqué, on a, là, l’implacable machination (imagination?) de chacun de nous à l’œuvre. Tout à un but, un sens, sinistre certes, mais bien présent. Et quand de sinistre, on passe à fantastique (bien glauque hein, le fantastique, pas de jolie licorne, mais des sorts mortels digne de la Louisiane !!!!), il est évidemment question de folie, d’essence de vie et de magie noire.
Vous me demanderez comment Marisha Pessl parvient-elle à évoquer de si belles histoires et de si grandes questions existentielles dans des conditions si sauvages, si inhumaines ou si terrifiantes (cercueil à plusieurs boites, piscine à l’eau gluante, forêts perdues, personnages encapuchonnés, malédiction…) ? Je vous répondrais qu’elle y parvient par un imaginaire onirique et une implacable logique.
Mais comme je le disais en introduction, ce roman si extraordinaire n’est pas parfait. J’ai vu venir la fin depuis les 2/3 du livre, même si je gardais espoir qu’une autre soit choisie. De plus, il s’agit d’une fin (plus qu’) ouverte… Les pages noires ne m’ont pas beaucoup plus, en revanche certaines des annexes étaient bien faites et très intéressantes.
Bien qu’imparfait, Intérieur nuit est haletant, transcendant et bouleversant ! Je le conseille chaudement, car la perfection n’est pas de ce monde… ou l’est-elle ?
Dernier petit clin d’œil à ce livre, « Oserez vous »… le lire?
Roman paru aux éditions Folio – Traduit de l’américain par Clément Baude
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