Résumé : La quarantaine passée, fatiguée par son métier harassant de médecin et un mariage qui a perdu toute saveur, Kate décide de demander le divorce. Dans l’espoir de la retenir, David, son mari, va alors changer radicalement : renouant avec ses idéaux de jeunesse, l’homme irascible devient un modèle de bonté, prêchant la redistribution des richesses et recueillant des SDF. Déstabilisée par ce changement soudain et ces initiatives aussi généreuses que maladroites, Kate se retrouve face à une situation inédite et explosive… A partir de quand est-on quelqu’un de bon et jusqu’où peut-on aller pour le rester ?
Avis : Après Funny Girl et Fever Pitch, je continue avec La bonté, mode d’emploi mon exploration de l’univers et des excellents livres de Nick Hornby.
Comme tous les livres édités par des anglo-saxons, celui-ci regorge de « critiques », ou commentaires sur ses deux couvertures, et bien sûr elles sont toutes positives et mettent en avant le comique de l’auteur. Mais, pour moi, au-delà de l’aspect humoristique de La bonté, mode d’emploi, assurément présent, il y a aussi un côté profond et dérangeant. Évidemment j’ai ri de l’absurdité des situations. Et lorsque j’ai ri, c’était à gorge déployée, ce n’était pas un sourire de circonstance. Mais le fond m’a plutôt bouleversée.
Par exemple avec le personnage de Katie. Elle se plaint que son mari soit hargneux, elle voudrait qu’il change et devienne « bon », comme elle, médecin et donc « vertueuse » presque génétiquement. Mais lorsqu’elle le trompe (ceci n’est plus très vertueux n’est-ce pas ?), et que lui se transforme selon son souhait, c’est elle qui devient mesquine. Ce sont des petites bassesses ordinaires qui conduisent ce couple à ne plus se supporter, et à devenir méchants l’un envers l’autre.
Son mari, David, ne s’est pas réalisé dans sa passion, écrire un livre, et il est extrêmement amer face cette situation. Il rédige donc des chroniques dans le journal local. Ses écrits parlent de tout ce qui le rend furieux, triste ou énervé (vaste programme qui va des personnes âgées aux psychologues…).
Les enfants sont typiques de notre temps, gâtés et tristes de la situation entre leurs parents.
Lorsque entre en scène DJ GoodNews, un genre de magnétiseur, qui « répare » son mari en le rendant heureux et désireux de faire le bien autour de lui (il donne les jouets des enfants, accueil un SDF, propose de faire des sandwichs à sa femme….), Katie ne comprend plus rien. Elle a peur et prend des réflexes de réactionnaire.
Sa petitesse et sa jalousie lorsque son mari souhaite, et pourrait même réussir, atteindre le bonheur ou le répandre, m’ont vraiment mis le cœur à l’envers. Elle ne voit que les difficultés et les gens à problèmes au travail. Elle se renferme, devient elle-même injuste et irascible avec sa famille. Elle tente de fuir loin de ses problèmes au lieu de les gérer. Elle porte des œillères dès qu’il s’agit de ses propres actions. Elle refuse de faire un pas dans le sens de son mari et se complait dans le fait qu’elle est médecin, donc « cela devrait suffire »…
Les sentiments et les pensées de Katie sont très bien décrits et font échos, je pense, à pas mal de nos vies. On souhaite tous aider les migrants. On souhaiterait tous qu’il y ait moins de SDF. On aimerait que nos conjoints, amis, famille nous comprennent sans qu’on ait à dire quoi que ce soit. Et on ne fait pas le premier pas dans cette direction. C’est cela qui m’a touché et qui fait mal…
Heureusement, j’ai trouvé les passages sur les changements de David, hilarants et très bien construits. La visite de l’amant de Katie, chez elle, avec David qui lui offre le thé est aussi un must. Quant à l’épisode de la messe ou celui avec la pasteur au cabinet médical de Katie, ils seraient géniaux dans un film. Je suis d’ailleurs étonnée que ce livre n’ait pas été adapté au cinéma comme About a boy ou A long way down (Vous descendez ? en français, que je chroniquerai bientôt).
La bonté, mode d’emploi n’est pas un livre à mettre entre toutes les mains ou alors si, mais avec un bon thérapeute pas trop loin (qui a le numéro de DJ GoodNews ?). Les conséquences sur nos actions et nos non-actions y sont tellement bien décrites que cela nous remet (un peu ? beaucoup ?) en question… après tout cela ne peut pas faire de mal !!!
Roman paru aux éditions Penguin – Lu en version originale
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